Quantcast
Channel: Le Berry Républicain : Les derniers articles
Viewing all articles
Browse latest Browse all 86404

Alain Mimoun, champion olympique du marathon, décédé jeudi, a vécu à Saint-Amand

$
0
0

La rue Cordier n'a pas oublié Mimoun

«Il nous appelait "les petits". » Quand Alain Bichaut, qui a longtemps tenu la boulangerie héritée de son père Maurice, rue Cordier, évoque Alain Mimoun, l'émotion n'est pas très loin. Celle de l'enfance.

« On le voyait très souvent. Il avait un profond respect pour le travail de mon père, se souvient le boulanger à la retraite qui avait à l'époque sept à huit ans. Il y a passé énormément de temps, dans le fournil. Mimoun était un gourmet mais comme tout sportif de haut niveau, ne pouvait pas manger de gâteaux… »

Si Alain Bichaut voyait régulièrement le champion olympique du marathon, c'est parce qu'Alain Mimoun résidait juste en face, dans la maison de ses beaux-parents où était aussi installé un magasin de chaussures. « Alain Mimoun avait épousé au début des années cinquante Christiane, la fille Legras dont la mère tenait le magasin situé juste devant chez nous », rapporte Alain Bichaut.

 Un autre voisin, Maurice Sugnot, n'a pas oublié non plus le sportif : « Il venait le week-end car il travaillait à l'Institut national du sport à Paris. Son épouse était commerciale en vin à Saint-Amand. Je le voyais fréquemment car ma mère tenait une petite épicerie et il venait faire des achats ».

Une piste créée par les gendarmes

Si Maurice Sugnot n'a jamais vu courir Alain Mimoun à Saint-Amand, ce n'est pas le cas d'Alain Bichaut. « Il courait tout le temps, confie-t-il. À cette époque, nous avions un chien, Dina, un dogue allemand. Il l'emmenait à l'entraînement et, un jour, Mimoun est revenu en disant à mon père : « J'ai tué ton chien. Il est dans la forêt de Meillant et il ne bouge plus. »

 Il a pris la traction de mon père, est retourné en forêt. Le chien n'était pas mort, il était juste K.-O. Mimoun l'avait complètement épuisé… », raconte en rigolant Alain Bichaut. Car le terrain d'entraînement d'Alain Mimoun était la forêt de Meillant. « Il courait toujours tout seul, chaque jour et faisait bien plus de 10 kilomètres. D'ailleurs, il n'était que muscles. »

Alain Mimoun ne s'entraînait pas toujours seul. Il rejoignait souvent les gendarmes de l'escadron mobile. « Il adorait la gendarmerie, explique Jean-Paul Stalter, dont le père s'est entraîné avec Alain Mimoun. Mon père Paul et Marcel Carré ont été entraînés au cross par Mimoun. Ils ont d'ailleurs remporté beaucoup de coupes. Les gendarmes lui avaient donc préparé une piste pour l'entraînement, juste en haut de la côte dans la forêt de Meillant. »

Le matin sur les bords du canal de Berry

Pour certains Saint-Amandois, Alain Mimoun était juste un champion qui courait aussi sur le bord du canal de Berry. Yvette, qui avait une quinzaine d'années dans les années cinquante, revoit encore le champion passer en courant devant elle : « C'était vers 1956. J'allais à la pêche sur le canal vers les Fromenteaux et je voyais passer ce monsieur le matin. Il traçait et revenait trois heures plus tard. Il disait bonjour. Un jour, mon père, qui m'accompagnait, a reconnu l'homme. C'était Alain Mimoun », se souvient Yvette. 

Cette Saint-Amandoise a gardé le souvenir du short et du maillot vert du coureur qui était « très maigre » et « quelqu'un de vraiment charmant ».

En 1956, pour fêter ton titre de champion olympique, il a effectué un tour d'honneur au stade Gesset. Après son divorce, il a quitté Saint-Amand. « Je ne l'ai jamais revu, rapporte Alain Bichaut qui recevait à chaque déplacement de Mimoun une carte postale. Je ne pense pas qu'il soit revenu à Saint-Amand. Mais j'ai suivi sa carrière, comme celle de Louison Bobet, un grand ami de la famille. »

La maison « Mimoun » de la rue Cordier a été abattue en 1996. Pour laisser la place à un parking.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 86404

Trending Articles