Alma, de Monterrey à Vierzon
Une Mexicaine de Monterrey, ville de plus d'un million d'habitants, non loin de la frontière des États-Unis, qui vit à Vierzon, ce n'est pas commun. Il y a forcément une histoire là-dessous. Celle d'Alma Jove, qui a rencontré Raoul, un Vierzonnais, il y a un peu moins de trente ans.
Raoul venait passer plusieurs mois au Mexique, dans le cadre de son travail. C'est près de la fin de son séjour qu'il a rencontré la jeune femme. « Nous avons alors rapidement décidé de nous marier, au Texas (États-Unis). Parce que cela nous semblait évident entre nous et que nous voulions faciliter les démarches de titre de séjour pour que je puisse le rejoindre en France », raconte Alma, avec simplicité.
Alma ne compte pas repartir : « Ici, c'est ma ville »Comme pour beaucoup de Mexicains, elle rêvait de la France depuis déjà quelques années et malgré des attaches très fortes avec sa famille, elle n'a pas hésité à partir un an plus tard. « J'ai rapidement trouvé du travail dans la région parisienne où on a habité pendant sept ans. Notamment dans une agence de voyage japonaise, où je parlais mieux le français que le patron au bout de six mois, alors que lui, ça faisait onze ans qu'il était à Paris. Et puis je parlais anglais, c'était un plus. »
Mais Alma a très vite cherché en France la famille qui lui manquait tant au Mexique. Elle et Raoul sont venus habiter Vierzon, où vivait toute la belle-famille.
« Je n'ai jamais retrouvé ici un travail qui me plaisait autant. Mais aujourd'hui, j'accompagne des enfants handicapés dans les écoles. Avec les progrès qu'ils font, je me sens valorisée. »
Et même si Raoul est retourné faire sa vie à Paris, Alma ne compte plus repartir de Vierzon : « Ici, c'est ma ville. Je suis attachée aux activités de l'association Berry Latino », qui met en valeur l'Amérique latine (Alma a déjà tenu des ateliers de cuisine mexicaine).
Et il y a encore avec elle sa fille Elsa, dix-neuf ans, qui revient tous les week-ends faire de la plongée et de la danse, après sa semaine d'études à Tours (Indre-et-Loire).
Les deux femmes sont fusionnelles. En faisant des économies, elles arrivent à partir tous les dix-huit mois au Mexique pour « revivre le quotidien des proches, nombreux », là-bas, à Monterrey ou à Mexico, 1.000 kilomètres plus loin. Peu de tourisme au programme, mais « une remise à jour » avec « cette chaleur humaine » qu'Alma ne retrouve nulle part ailleurs. « On a souvent l'image d'un Mexique violent. Moi, je n'ai jamais eu peur. »
Et d'ajouter : « J'ai toujours voulu qu'Elsa parle aussi espagnol. Quand elle était petite, je lui ai appris les deux langues. Aujourd'hui, elle peut communiquer avec ses cousines et c'est elle qui veut aller habiter là-bas avec moi… »
