« Sacrifiés mais pas résignés?!…. » Reprenant le slogan de la campagne de communication des artisans et commerçants, une majorité des maires a laissé transparaître, à l’occasion du 96e congrès des maires de France qui se tenait jusqu’à hier à Paris, sa déception face aux annonces du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Ou plutôt de l’absence d’annonces : entre baisse des dotations d’État, réforme des rythmes scolaires, développement de l’intercommunalité, augmentation des charges pour les communes…
DésespéranceRémy Pointereau, président UMP des maires du Cher, ne cachait pas sa « déception » après le discours du Premier ministre. « Nous avons eu le droit à des paroles pour rien?! Aucune annonce n’a été faite sur les sujets qui préoccupent pourtant les maires. Ni sur les rythmes scolaires, ni sur les dotations d’État qui auront, en 2015, baissé de 15 %?! Et ne parlons pas du fonds de compensation de la TVA qui n’augmente pas alors que la TVA va monter d’un point… Face à la désespérance de certains élus, je pense que le Premier ministre aurait pu avoir un autre discours. »
Autre maire du Cher, Aymar de Germay, maire UDI de Marmagne, qui est sur le même sentiment : « le discours du Premier ministre n’a rien apporté comme réponses aux inquiétudes que nous avons au quotidien. L’ensemble des maires attendaient au moins que le gouvernement leur donne quelques raisons de garder espoir, or Jean-Marc Ayrault s’est contenté de rappeler les réformes sans donner aucune clé pour des maires qui doivent faire face à une baisse drastique de leurs dotations avec de plus en plus de charges supplémentaires. »
RisquesUn constat unanimement partagé par les maires et notamment par le premier vice-président de l’Association des maires de France (AMF) et maire d’Issoudun, le socialiste André Laignel qui s’est notamment livré un vibrant plaidoyer pour les communes. « L’érosion des moyens guette le bloc communal. Érosion car depuis cinq ans, nous avons dû faire face à la suppression de la taxe professionnelle, au gel puis la baisse des dotations de 1,5 milliard en 2014. »
Une situation communale comportant « deux risques » aux yeux d’André Laignel : la panne des investissements locaux et un recul des services publics locaux. « Il faut lutter contre les normes et les charges nouvelles », a-t-il plaidé avant d’alerter sur le risque de « dilution » des communes. « Certains voudraient diluer la commune. Certains textes vont dans ce sens comme celui sur la décentralisation ou celui de l’urbanisme ». Et l’élu de conclure, « donnons la capacité aux élus locaux de l’organisation de leur territoire. Ayons la force et l’audace de croire en la commune?! »
Frank Simon