Elles avaient pourtant été prévenues, et plutôt deux fois qu'une. Par leur coache, déjà. « Villeneuve arrive pour lutter, et pour jouer la tête de la Ligue », prévenait Valérie Garnier ici même (BR de samedi). Par leur président, ensuite (BR de la veille), mécontent de l'investissement insuffisant de l'équipe mercredi à Kayseri (troisième défaite de rang en Euroligue NDLR). « On se laisse marcher dessus et on ne réagit pas. On ouvre les bras et on baisse la tête », avait fustigé Pierre Fosset.
Et histoire de bien mettre tous les signaux au rouge, Frédéric Dusart, l'entraîneur de Villeneuve -d'Ascq, l'avait jouée franco. « On est capables de gêner un peu Bourges », nous assurait-il depuis l'autocar, sur la route du Prado (BR de samedi). À ses yeux, son équipe de recrues « revanchardes » et de jeunes pousses « surmotivées » n'entendait pas seulement limiter la casse chez le champion, mais disons jouer un match de basket.
Bourges bougé comme jamaisCe qui fut fait par les Nordistes. À seulement sept, certes, face à dix Berruyères. Mais qui se sublimèrent sur tous les plans, au physique comme au mental, pour tomber un Tango Bourges Basket jamais bougé à ce point cette saison, même par Schio.
« Nous n'avons pas été à la hauteur d'un match de ce niveau, convenait Valérie Garnier, ulcérée. Leurs individualités nous ont punies. On parvient à les tenir, un temps, et puis on lâche Villeneuve venait au Prado jouer la première place du tableau ? Eh bien, elles l'ont prise. »
Les insuffisances locales, nombreuses, criantes ? La technicienne n'en retient qu'une, profonde, récurrente. « On est très maladroites (38 % au shoot), surtout sur les tirs ouverts. En face, même sous pression, elles ont quasiment tout rentré »
Ce n'est, hélas, qu'une raison parmi bien d'autres de l'échec des Tango.
Passons sur l'impensable défi physique imposé par les Nordistes (lire ci-dessous), auquel Bourges n'a jamais su répondre.
Collectif en berneLes Tango ont aussi, ont avant tout failli collectivement. Elles n'ont vraiment (re)formé une équipe que lors des huit dernières minutes ; et alors là, comme par hasard, on a pu croire au miracle grâce à cette solidarité retrouvée. C'est là qu'elles ont, presque, renversé le cours des choses. Qu'elles ont refait leur retard au rebond. Qu'elles ont enfin rentré quelques shoots extérieurs. Qu'elles ont trouvé du jeu rapide pour affoler, un temps, celles d'en face. Bref, qu'elles ont évolué en championnes invaincues, en remettant en place le projet de jeu défini à l'orée de la saison.
Leur remontée de dingues a fait long feu. « À cet instant-là, on était dans la révolte, mais c'était trop tard », soupirait Valérie Garnier.
Car Céline Dumerc et ses coéquipières ont payé cash 32 premières minutes d'inconstance, d'errance collective. Des travers déjà notés contre Schio, puis à Kayseri. Des travers qui les ont minées sur leur point fort : la défense.
Sans même revenir à l'ouverture du score d'Elin Eldebrink sur un oubli défensif presque trop gros pour être vrai, c'était souvent portes ouvertes dans la raquette berruyère.
Retards quasi-systématiques sur les aides, manque de soutien au rebond, ligne de fond jamais vraiment fermée (Kamba, Gomis et Williams se sont régalées ), défaillances sur les duels (d'où plusieurs shoots rentrés par Gomis, Eldebrink, Kamba face à une Tango à chaque fois passive)
Samedi, l'intensité et la dureté prônées cette saison - et avant toute chose - par Valérie Garnier s'étaient fait la malle. Et sans ce carburant-là, le Tango Bourges Basket redevient une simple équipe de basket. Vulnérable face à plus fort qu'elle.
LA FICHE technique
BOURGES (Palais des sports du Prado). ES Villeneuve-d'Ascq bat Tango Bourges Basket 64 à 59 (14-15, 16-10, 21-13 et 13-21). Arbitres : Ahmed Ait Bari et Benjamin Gleynat. Environ 3.000 spectateurs.
Tango Bourges Basket. 23 paniers sur 61 (38 %), dont 5 sur 19 à 3 points (26 %). 8 lancers sur 14 (57 %). Rebonds : 33 (Miyem 8). Passes décisives : 14 (Dumerc, 10). Interceptions : 11. Contres : 2. Balles perdues : 17. Fautes : 18.
La marque à Bourges. Tchatchouang 1 (16'), Miyem 8 (24'), Dumerc 3 (33'), Tolo 4 (18'), Leedham 13 (26'), puis Bernies 3 (7'), Salagnac 2 (19'), Van Grinsven 8 (16'), Joens 12 (19'), Ndongue 5 (23'). Entr. : Valérie Garnier. Assistant : Jérôme Authier.
ES Villeneuve-d'Ascq. 25 paniers sur 55 (45 %), dont 2 sur 10 à 3 points
(20 %). 12 lancers sur 13 (92 %). Rebonds : 34 (Kamba 6). Passes décisives : 15 (Eldebrink 6). Interceptions : 9 (Gomis 4). Contre : 1. Balles perdues : 18. Fautes : 17.
La marque à Villeneuve-d'Ascq. Eldebrink 8 (37'), Gomis 16 (34'), Williams 4 (25'), Meesseman 8 (29'), Sanni 10 (27'), puis Kamba 8 (25'), Diawara 10 (24'). Entr. : Frédéric Dusart. Assistante : Ljubica Drljaca.