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L'affaire des coups de couteau du Prado au tribunal correctionnel de Bourges

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Sofiane, malgré son jeune âge, perpétue la plus patrimoniale des traditions vierzonnaises, la confection, en taillant lui-même quatre boutonnières, parfaitement exécutées, à une victime toujours hospitalisée en soins intensifs.

Au lieu d’une bonne bagarre à l’ancienne, comme la purée de grand-mère, avec patates dans le lustre et salade de phalanges dans le buffet, Sofiane, dix-huit ans, sort son artillerie rutilante.

À cœur vaillant

Il fait prendre l’air à son couteau qu’il trimbale comme d’autres un briquet, plus rarement un peigne. La normalité est devenue tranchante, ces temps-ci. Sa scolarité au lycée Édouard-Vaillant de Vierzon, ville qu’il habite avec sa mère et son beau-père, fait pousser en lui la réalité palpable de cette formule-phare du célèbre argentier berruyer : à cœur vaillant (comme le lycée), rien d’impossible (même le pire).

Dans le box, hier, Sofiane cligne des yeux face à la lumière de l’enjeu qui l’aveugle. Selon la procédure de comparution immédiate, l’avocat de Sofiane, Me Bangoura, décline l’invitation de la justice à juger de suite le lycéen actuellement en bac pro.

L’avocat met toute sa persuasion au service d’une seule cause : éviter la prison au garçon, coiffé dans le détail et habillé d’un blouson sombre sur un pull blanc. Aussi blanc que son casier judiciaire, c’est déjà ça.

Son regard, au tribunal, incarne celui du lapereau dans le faisceau des phares. Majeur depuis le mois de mai, voilà une foutue façon d’entrer dans la vie adulte, par une garde à vue.

Le vocabulaire posé au bon endroit, Sofiane donne l’image d’un élève studieux qu’il n’est pas trop, selon l’administration du lycée vierzonnais. Elle peint l’élève couleur « perturbateur », « insolent » et « vulgaire ».

Du bout des lèvres, Sofiane ajoute à son portrait peu flatteur qu’il n’est pas quelqu’un de violent. « Je regrette mes actes, j’étais apeuré. »

En attendant une prochaine comparution, le 20 décembre, afin de juger le fond, le parquet tient à garder le Vierzonnais sous les verrous, pour éviter tout risque de réitération et une absence de l’intéressé.

Le 30 novembre dernier, raconte Me Bangoura, Sofiane est en discothèque et se chicore, vite fait bien fait, avec un autre amateur de sunlights.

L’incident viril est vite clos, mais dehors, quand le Vierzonnais et son copain sortent de la boîte à 4 heures, ils sont face à cinq silhouettes, patibulaires mais presque, qui veulent en découdre. Les coups pleuvent, selon la version de l’avocat.

Pas de bol,il perd son portable sur les lieux de la rixe

Sofiane s’enfuit comme un lapin chassé par celui à qui il assène plus tard quatre coups de couteau avant de s’évanouir dans la nature. Pas de bol, il perd son portable sur les lieux de la rixe et la police peut le pister sans difficulté.

Absent quand les policiers se présentent à son domicile, Sofiane est emmené presque par la main au commissariat par sa mère.

Il y termine en garde à vue. Bien sûr, l’histoire racontée ainsi est incomplète, s’empresse de préciser le tribunal. Il n’y a là qu’une version. Suffisante pour que le tribunal place le jeune garçon sous contrôle judiciaire et lui évite la prison.

Rémy Beurion


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