La médiation comme remède social
Leur rôle, c'est la médiation. Leur terrain d'action, le centre-ville. Céline Giuliani est médiatrice des familles en grande fragilité sociale. Serge Darret est médiateur social.
Ils ont été embauchés par la ville sur un poste d'adulte-relais, financé par l'État et la ville via le Centre communal d'action sociale (CCAS) pour Céline, depuis le 1 er avril, et un contrat unique d'insertion, financé par l'État en ce qui concerne Serge, depuis le 8 février.
En lien avec les acteurs sociaux déjà sur le terrainÀ trente-cinq ans, Céline, vier-zonnaise, a travaillé dans diverses associations locales – centre social Caf, Association des jeunes créateurs vierzonnais, Afado 18, C2S services et le Foyer des jeunes travailleurs à Bourges, avant de suivre une formation en médiation sociale.
À trente-deux ans, Serge, de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), est un ancien basketteur de haut niveau, diplômé en gestion commerciale et médiation sportive. Il a également suivi une formation de pompier volontaire à Vierzon, avec C2S services.
Ces postes correspondent à une demande qui s'est fait jour dans les derniers conseils de quartier du centre-ville. Des problèmes liés au bruit, aux jeunes dés'uvrés alcoolisés, aux sans domicile fixe avec des chiens qui font la manche aux portes des supermarchés ou des boulangeries avaient été évoqués. « Il s'agit pour la ville de dédramatiser la situation », explique Hervé Brunel. Des difficultés relationnelles qui apparaissent « paradoxales » pour le directeur général des services. « Cette ville a pourtant un énorme potentiel d'intégration sociale avec ses communautés portugaise, turque et maghrébine. » Mais Hervé Brunel reconnaît aussi que « le vivre ensemble est bien malmené aujourd'hui ». Céline intervient donc auprès des familles socialement fragilisées
« C'est une médiation directe », explique la jeune femme. « Le travail se fait en lien avec les acteurs sociaux déjà sur le terrain », poursuit Hervé Brunel : centre social de la Caisse d'allocations familiales, centre médico-social, procureur, association Cher tsiganes, Protection judiciaire de la jeunesse qui interviennent « de manière segmentée, sur signalement ». « On essaie de reconstruire du lien et d'apporter une réponse complète et un suivi », assure le directeur du CCAS.
Serge est désormais connu et reconnu dans les rues. Sa carrure ne passe pas inaperçue. « Les gens ont même mon numéro de portable et m'appellent pour tout résoudre, sourit-il. Même pour un cambriolage ! » « Le médiateur n'est pas un supplétif de la police », insiste Hervé Brunel. « Je me dois d'être impartial, en effet », répond Serge.
Le jeune homme a ressenti, à son arrivée, en février, « un fort sentiment d'insécurité en ville. C'est surtout du ressenti, de l'émotionnel. Comparativement aux quartiers de la région parisienne où j'étais avant, ici, c'est calme ! » Aujourd'hui, on lui dit que sa présence porte ses fruits. « Le travail commence à se voir », estime celui qui prône le dialogue dans toutes les circonstances. « Il m'arrive bien aussi de séparer quelques bagarreurs ! »
Les jeunes le connaissent bien et l'interpellent. « Hé, m'sieur le médiateur, et la salle qu'on demande, elle est où ? » « Je leur réponds que j'ai transmis la demande à la mairie. » Une demande prise en compte, assure Hervé Brunel. « Mais on ne fait pas une salle comme ça. Il faut construire un projet autour de son utilisation, comme dans les salles de quartier du Colombier ou du Clos-du-Roy. »
Les deux médiateurs ont à c'ur de mener leur mission à bien. Un bilan de leur action sera dressé dans un an.