Sur la trace des baraques made in US
Petite rue du Camp, chemin du Camp… Le passage des troupes Amércaines à Vierzon, durant la Première Guerre mondiale (voir le Berry républicain du 20 janvier 2014), a laissé une empreinte dans le tissu urbain. Le quadrilatère formé par la première de ces deux artères, la rue Saint-Exupéry, le chemin de la Petite Noue et la route de Méreau n'est autre que la survivance de l'emprise du camp.
Au milieu des pavillons, on a du mal à imaginer la base militaire, installée par les sammies en juillet 1917. Aujourd'hui urbanisé, ce coin aux confins de la ville avait autrefois une vocation agricole. « Les consignes d'installation des camps étaient, pour des raisons d'organisation ainsi que d'indépendance, d'être à l'extérieur des villes tout en étant proches », explique Charles Bohnert, historien local, qui s'est penché sur la Grande Guerre.
Pour la petite histoire, le terrain avait été loué à Louis-Félix Chariot, maraîcher et futur maire de la commune de Vierzon-Bourgneuf de 1919 à 1935, au temps des quatre Vierzon. Selon les souvenirs d'un habitant du Bourgneuf, on y cultivait autrefois de la vigne.
Près d'un siècle plus tard, on peut toujours déceler quelques traces du camp, au-delà de la topographie. La preuve, ce puits, situé rue Saint-Exupéry, Ce n'est autre que celui qui avait été creusé par les troupes américaines, lors de leur installation. Plus loin, dans une autre propriété, un autre puits similaire, semble, lui aussi, dater de cette époque.
Un baraquement de bois a même longtemps survécu, non loin de là, le long du chemin Blanc. Selon Charles Bohnert, qui l'avait identifié et détaillé, « il fut habité entre 1940-1950. Au départ, c'était un grand bâtiment. Il fut séparé en deux parties identiques. Il a été démonté à plusieurs reprises, ce qui l'a transformé totalement. » Il comportait la structure caractéristique des constructions militaires américaines. Aujourd'hui, on pourra toujours chercher sa trace… L'urbanisation du quartier l'a chassée manifestement du paysage.
Sa présence n'est en tout cas pas surprenante. En quittant la France, en 1919, l'armée de l'oncle Sam a laissé sur place et vendu ses bâtiments, qui étaient arrivés prêts-à-monter. Le plus imposant, c'est bien sûr le hangar qui s'élève encore au moulin de l'Abricot (présenté dans le Berry du 20 janvier). Mais ce n'est pas le seul Meccano® géant en bois made in USA, encore debout à Vierzon. D'autres ont survécu. L'un d'eux subsiste, près du Cher, chemin de l'Abricot, aujourd'hui dans le jardin d'un particulier. Certains Vierzonnais s'en souviennent encore, il a servi… de bal-parquet. (À suivre).