Si elle refuse de tous les mettre dans le même sac – « Tout le monde peut se tromper. Les notaires sont assurés en cas de problème. Et ils ne sont pas tous malhonnêtes » –, Gisèle Néron ne pèse pas ses mots quand il s’agit de parler des exactions de professionnels peu scrupuleux. Fraudes, abus, corruption, mafia… sont des termes récurrents. Auprès du ministre, elle veut plaider pour un contrôle différent des notaires : « Le problème, c’est qu’il n’y a pas de contrôle ; ils se contrôlent eux-mêmes. »
« Chez moi, des gens pleurent, reprend-elle. Ils sont ruinés par des notaires ou des avocats qui ne plaident pas à cause d’arrangements avec ces derniers. »
Elle-même ancienne victime, elle se bat depuis maintenant près de trente ans. Et son combat porte de plus en plus souvent ses fruits, malgré le nombre croissant de cas. Et la renommée de l’association croît constamment. « Un article paru sur Que choisir m’a amené, cette année, 512 dossiers. J’ai fait un tri, en enlevant d’abord les cas plaidés devant les tribunaux, pour lesquels je ne peux rien. Les victimes doivent me contacter avant d’aller au tribunal. Je ne peux intervenir qu’à ce stade. J’ai aussi éliminé ceux où les notaires n’ont pas commis de fautes. Et encore, malgré ça, je suis loin d’avoir tout traité. »
Dans les cas de litige les plus fréquents, pour Gisèle Néron, il y a tout d’abord les successions. « Des notaires les gardent longtemps avant de les verser, par exemple, et font travailler l’argent pour leur étude. » En deuxième lieu viennent les cas recensés sur des liquidations de communauté, débouchant par exemple sur des décisions de séparations de biens inéquitables entre conjoints, à la faveur de l’un ou l’autre.
« Maintenant, quand j’ai un dossier dès le début, je gagne une fois sur sept environ. Au début, j’étais inexpérimentée, c’était une fois sur vingt. Maintenant que j’ai la connaissance suffisante, les notaires admettent plus facilement. »
Les points sur lesquels elle gagne le plus ? « Des surfacturations ou aussi des honoraires supplémentaires quand ils font des actes. »
Pierre Hébrard
Pratique. SOS victimes de notaires, 02.48.96.57.28.