Jérôme, 41 ans, parle comme une rivière en crue. Il commence, dans son box, le début de la longue, très longue psychanalyse qui lui sera utile pour le sortir de son isolement.
Pendant sept ans, ce quadra berruyer, inséré professionnellement, célibataire, locataire d’un appartement et propriétaire d’un chien, se laisse manger la cervelle par les jeux vidéos en ligne.
Douze heures de pratique par jour, à ne plus en ouvrir son courrier, à mettre sa vie sociale de côté, jusqu’à interdire à quiconque, famille comprise, de franchir le palier de sa porte.
Physiquement, on dirait un Houellebecq de Prisunic, délavé, le phrasé monocorde, sa petite taille tassée dans une chaussette. Son cas mériterait un Goncourt. Quand la police frappe à sa porte, il lui dit « je m’attendais à ce que vous arriviez ». Les enquêteurs trouvent dans son ordinateur, sur un disque dur externe et son iPad, 47.800 photos pédopornographiques, 10.000 vidéos douteuses et 25.000 messages pornographiques amassés pendant plusieurs années.
Partage de photosInfiltrées par un agent de l’office central de la violence aux personnes, les arcanes du Net livrent l’adresse IP de Jérôme et de dix-neuf autres internautes sur le territoire.
Autant de connectés qui se partagent des photos de mineurs et de jeunes enfants contraints sexuellement dans des poses que refusent de décrire le tribunal et le parquet.
Ambiance lourde hier, pas seulement à cause de la touffeur de juin. Jérôme raconte, avec une impressionnante épaisseur de mots, sa descente aux enfers. Son avatar de vie virtuelle lui bouffe le sens de la réalité, jusqu’à en perdre pied. « Plus ça allait, plus je me rajeunissais afin d’avoir de plus en plus de contacts ». Il se croit un gosse de 14 ans avec « une vie sexuelle que je n’ai jamais eu, que je n’aurai jamais. J’étais celui que je voulais, je voyageais dans des mondes ».
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« J’ai besoin d’être soigné. » Le tribunal prononce un suivi sociojudiciaire de trois ans. La peine encourue en cas de rupture du suivi est de 18 mois de prison.
Rémy Beurion
L'article complet à lire dans Le Berry républicain du 12 juin.