Marc Jeanjean est apiculteur à Neuilly-en-Sancerre, un village dont il fut le maire durant plusieurs années. Depuis huit ans il est missionné pour mettre en place en Afghanistan une filière apicole dans un pays où la tension reste forte. Il est revenu de Kaboul il y a quelques jours, avant de repartir au mois de juin.
En quelle année avez-vous commencé les missions en Afghanistan?? J’en suis à ma vingt-cinquième mission. Au début, en 2005, j’étais là-bas pour étudier l’apiculture afghane pour faire un état des lieux. C’était pour le service de la coopération agricole de l’ambassade de France. Nous avons mené des petits projets et, par la suite, nous avons travaillé sur un projet plus important qui était financé par l’Agence française de développement pour un budget de 3 millions d’euros.
Quel est le but aujourd’hui de votre mission?? Le but, c’est d’organiser la filière. Il y a quatre objectifs : l’enseignement de l’apiculture, la sécurisation des intrants, la valorisation des produits de la ruche et fédérer les coopératives. Le projet est prévu sur trois ans.
Pour enseigner l’apiculture, nous avons mis en place des ruchers écoles, au moins un par province (il y en a trente-quatre). Quand on parle de sécurisation des intrants, c’est aussi la transformation de la cire en feuille. Il faut également initier les menuisiers et les chaudronniers.
L’apiculture est-elle très répandue en Afghanistan?? En Afghanistan, il y a des abeilles locales, sauvages qui ont été utilisées depuis la nuit des temps mais qui n’ont pas de bons rendements. Elles sont situées vers l’Himalaya. Nous soutenons aussi cette apiculture qui est adaptée aux montagnes. En revanche, l’apiculture comme nous la pratiquons chez nous a été implantée en 1960 par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, NDLR) avec des abeilles européennes. Elle s’est plutôt bien développée avec un soutien du gouvernement. Mais les guerres ont fait disparaître cette apiculture qui était en plein essor. Les apiculteurs professionnels sont tous partis au Pakistan. Il y a eu une fuite du savoir-faire mais, depuis 2008, le nombre d’apiculteurs augmente.
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Nous avons reçu récemment Jean d’Amécourt, lui aussi originaire du Berry, qui était ambassadeur en Afghanistan. L’avez-vous rencontré?? J’avais rencontré Jean d’Amécourt lors d’un 14 Juillet. Je savais qu’il était du Cher, alors quand je me suis présenté à l’entrée j’ai dit : « Marc Jeanjean, apiculteur à Neuilly-en-Sancerre. » Et nous nous sommes mis à parler un peu berrichon.
Notre interview vidéo de Jean d'Amécourt : brightcove.createExperiences();
Quand retournez-vous là-bas?? J’y retourne en juin. Ça me plaît beaucoup, ce n’est pas facile d’organiser le travail ici avec les abeilles mais… Là-bas, vous savez, ce n’est pas de tout repos. Parfois dans les missions très administratives, je fais souvent dix à quinze heures d’ordinateur sans compter les réunions. Mais je veux continuer, c’est intéressant, enrichissant. Ce ne sont pas des gens qui vivent comme nous vivions autrefois. J’entends dire cela des fois. C’est vrai que dans certains endroits c’est difficile mais on voit avec l’arrivée et le développement d’Internet les connaissances progresser beaucoup. Et les réseaux sociaux facilitent les rencontres. L’eau courante, l’électricité, Internet, ça change énormément la vie.
Dominique DelajotL'interview complète à lire dans Le Berry républicain de ce mardi 14 mai.