Capo dessine son Bascoulard
«Quand j'ai dessiné Le Grand Meaulnes, je pensais que c'était le summum et la fin de ma carrière, se souvient Bernard Capo. Je dessine quand même depuis trente ans ! Et puis, je me suis dit, il faut que je pense à Marcel. Star à Bourges, inconnu ailleurs. »
Marcel, c'est Marcel Bascoulard. Un peintre clochard qui a arpenté les ruelles du vieux Bourges avec son tricycle pendant des décennies. Il a dessiné la ville sous tous les angles, et la cathédrale depuis la rue Porte-Jaune.
Ce marginal de génie est le héros de Monsieur Bascoulard, une bande dessinée signée Bernard Capo et sortie en octobre dernier. « Pour cet album, j'ai mené une enquête, poursuit l'auteur berruyer. J'ai lu des tas de choses sur Bascoulard, des articles du Berry ou de La Nouvelle République. J'ai rencontré des gens qui l'ont connu. À Bourges, Bascoulard est devenu un mythe, et donne matière à une multitude d'anecdotes. Il y a des choses vraies et d'autres qui font partie de l'imaginaire collectif. Les deux se côtoient dans ma bande dessinée. » L'histoire d'un auteur en panne d'inspiration qui tombe par hasard sur le dessin d'un peintre qu'il ne connaît pas…
En 1932, sa mère tue son pèreSuccès de librairie, la bande dessinée a été récemment rééditée. « C'est fou le nombre de témoignages que je reçois depuis sur Bascoulard. Je l'ai vu des tas de fois dans les rues de Bourges quand j'étais jeune, se souvient le dessinateur. Je le croisais dans le vieux Bourges en sortant du lycée place Cujas. Il a donné l'envie de dessiner à plein de Berruyers. Il ne se laissait pas approcher. Il faisait un peu peur. C'était un misanthrope. Un clochard dans toute sa splendeur. Il y a longtemps que je voulais raconter sa vie. »
Bascoulard a été assassiné en 1978, au terme d'une vie marquée par un drame originel : en 1932, à Saint-Florent, sa mère Marguerite avait tué son père. C'est parce qu'elle ét aitinternée à Bourges, que Bascoulard s'y est installé. Marcel avait 19 ans; sa vie avait alors basculé du côté de la marginalité.