Participation à un atelier d’écriture avec des écrivains des Récréations

Oulipienne le temps d'une matinée

Être oulipien, c'est écrire avec des contraintes. Et non sous la contrainte. « Les écrivains oulipiens ont démystifié la sainte inspiration. Ils défendent l'idée que la littérature est un travail », résume Frédéric Terrier, chef d'orchestre des Récréations. Cette année, les ateliers d'écriture rassemblent soixante-dix participants à Bourges. Oulipienne le temps d'une matinée, à l'école nationale supérieure d'art de Bourges, je travaille sur les rimes et les pieds.

Commencer la journée par choisir son atelier. Aujourd'hui, je suis bien volontiers Étienne Lécroart, dessinateur de BD. L'ami oulipien est aussi écrivain à ses heures perdues. Ce matin, il a décidé de s'inspirer d'une technique usitée dans la bande dessinée : gonfler une histoire. Un travail collectif qui consiste à ajouter des cases aux premières et à les intercaler, sans perdre le fil de l'histoire. La difficulté : les cases doivent pouvoir se lire de façon autonome. Il en va de même pour la littérature et les vers. Oulipienne le temps d'une matinée, je travaille sur les rimes et les pieds.

Commencer par un petit exercice s'impose. Ce sera le tireur à la ligne. « On réutilisera des vers dans le quatrain suivant. On va faire un pantoum (*) collectif. J'aime bien expérimenter », confie l'auteur. Oulipienne le temps d'une matinée, je travaille sur les rimes et les pieds.

Se concentrer pour trouver l'inspiration. Il me faut deux vers pour commencer une histoire, un poème. Les rimes sont imposées. Autre contrainte : respecter les pieds. Oulipienne le temps d'une matinée, je travaille sur les rimes et les pieds.

Réaliser ou comprendre que l'inspiration ne tombe pas du ciel. Se triturer la cervelle pour pondre quelques vers, toujours en lien avec l'histoire qui est en train de naître. Oulipienne le temps d'une matinée, je travaille sur les rimes et les pieds.

Faire tourner les papiers une fois les deux vers écrits, intercaler les deux derniers. Bien entendu, tout n'est pas rédigé en alexandrin ! « E » muet ou non, ma voisine et moi nous interrogeons… Danielle, retraitée, experte en pieds, vient à notre secours. Onze pieds, c'est bon ! Montgolfière, animaux, amour, les histoires se déroulent aisément, d'autant plus qu'à la fin, les deux premiers vers sont accolés et la boucle est bouclée.

Lire chaque texte, un à un, et rire à l'écoute de poèmes souvent drôles mais cohérents. Oulipienne le temps d'une matinée, je travaille sur les rimes et j'ai pris mon pied !

(*) Pantoum : poème composé de quatrains à rimes croisées, dans lesquels le deuxième et le quatrième vers sont repris par le premier et le troisième vers de la strophe suivante.

è Pratique. La lecture des meilleurs textes des participants est ouverte à tous, ce soir à 18 h 30, à l'école nationale supérieure d'art de Bourges.