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Déménagement de la coopérative Épis Centre à Orléans : 150 emplois quittent Bourges

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Une page se tourne dans l'histoire agricole du Berry. Épis Centre ferme aujourd'hui son siège de Bourges et une partie de son antenne au Subdray. Environ 150 salariés berruyers travaillaient jusqu'alors sur ces deux sites, ils seront désormais moins d'une dizaine. Tous les autres doivent se redéployer d'une façon ou d'une autre vers les nouveaux bureaux d'Olivet (Loiret) – pour l'instant, les silos repartis sur tout le territoire ne sont pas concernés par ces restructurations.

Entre Bourges et Châteaudun : Orléans

Le groupe Axéréal, né précédemment de la fusion entre Épis Centre et Agralys (Châteaudun), a décidé de regrouper les sièges de ces deux entités près de la capitale régionale pour plus de commodité. Cette stratégie est sans doute recevable au regard de la géographie du groupe.

Mais la logique économique des dirigeants n'est pas celle des salariés qui balancent depuis plusieurs mois entre inquiétude et résignation. « Qu'on soit tous regroupé au même endroit n'est pas dénué de sens concède Daniel, employé d'Épis Centre depuis plus de vingt-cinq ans (*). Mais c'est quand même difficile de balayer ainsi des années de travail. Ca fait deux ans qu'on est prévenu mais je ne réalise que maintenant ce qui va se passer désormais : trois heures de voiture au lieu de vingt minutes chaque jour ! » Pour ce cadre qui dispose d'une voiture de fonction, « il y a moindre mal ». Mais les notes de frais n'effacent pas l'impression d'avoir eu le couteau sous la gorge. « Nous avons complètement subi ! C'était à prendre ou à laisser, reprend Nadine. Si le marché de l'emploi avait été meilleur, je serais allée voir ailleurs ! » Pour cette quadragénaire qui doit encore payer douze ans d'emprunt immobilier à Bourges, il était exclu d'aller s'installer à Orléans.

Elle s'apprête donc à prendre le train quotidiennement avec un abonnement SNCF payé par l'entreprise, mais redoute déjà ce rythme de transport « à la parisienne ». Pour l'éviter, certains, plus mobiles, ont choisi de déménager purement et simplement. Dans le cas de Noémie qui vivait chez ses parents à Bourges, ce sera l'occasion de louer un premier appartement. L'entreprise a prévu de payer le loyer pendant plusieurs mois mais « ces aides ne seront pas éternelles, redoute Noémie. Et les loyers sont plus chers à Orléans qu'à Bourges », souligne-t-elle.

Face aux critiques, la direction a toujours mis en avant les aménagements consentis pour aider les salariés dans leurs déplacements. « C'est un gros travail pour les responsables du personnel mais notre souhait est de ne laisser personne sur la touche », déclarait l'an dernier le président Jean-François Loiseau à nos confrères de L'Echo républicain (**). « Ces aides ont été plutôt bien négociées par les syndicats mais ils auraient pu mettre la barre plus haut », commente pourtant Daniel. À l'annonce du projet de regroupement, un vent de fronde s'était soldé par une pétition et une demi-journée de débrayage. Mais le soufflet est vite retombé, fatalité oblige.

« De deux maux, il faut choisir le moindre »

« De toute façon, nous n'avons aucune prise sur les décisions d'en haut, s'exclame Claude à la sortie de son travail. De deux maux il faut donc choisir le moindre : se déraciner… Ou perdre son emploi. »

Avec ses mots, Claude ne fait que redire ce que Les Échos expliquait récemment : « Dans le contexte européanisé et mondialisé, les groupes coopératifs ont […] peu à peu pris conscience de la nécessité de la mutualisation des moyens […] ils ont du s'adapter aux règles darwiniennes de l'économie de marché ». Au-delà des questions pratiques qui se posent aux salariés d'Épis Centre, cette concentration révèle donc en creux le piteux état du mouvement coopératif dont le Berry fut pourtant l'un des berceaux.

(*) Tous les employés interrogés ont souhaité rester anonymes. Nous avons changé leurs prénoms.

(**) À l'heure du bouclage, la direction n'avait pas répondu à nos sollicitations.


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