Paroles de meneuses à l'orée de l'Euro
Toutes deux sont meneuses de jeu. Toutes deux sont passées par Bourges : entre 1994 et 1995 pour Edwige Lawson-Wade (34 ans), toute jeune alors, de 2009 à 2011 pour Anaël Lardy (25 ans). Mais leurs chemins bifurqueront à la fin de cet Euro.
L'aînée va raccrocher en pleine gloire pour devenir vice-présidente de la Ligue. Sa cadette devra rebondir : à Perpignan, où elle vient juste de signer ou ailleurs. « Ma situation est un peu bizarre, convient Anaël. La saison dernière, à Prague, j'ai vécu ma toute première expérience à l'étranger. On a changé très vite de coach, j'ai joué quasiment tous les matches d'Euroligue, au poste deux la plupart du temps. Et j'ai aussi beaucoup bossé seule, sur les fondamentaux et les lacunes de mon jeu. Là tout aura été très positif humainement, et disons moyen au plan sportif, stats en main. »
n Comment décrire cette préparation et cette échéance très spéciale ? Edwige Lawson-Wade : on reste un peu sur la dynamique des Jeux olympiques et de leur magie et ça, c'est très agréable ! Mais on a pris aussi un bon coup de vent frais grâce à l'arrivée de jeunes joueuses, de nouvelles. C'est très important pour le groupe, cette capacité à se régénérer.
« Un bon coup de vent frais »Anaël Lardy : on a encore du boulot à effectuer, mais je suis surprise de la qualité de notre jeu sur ces matches amicaux. On a eu droit à de grosses séances d'entraînement ; ça nous a permis de nous découvrir et de mieux nous connaître. Car c'est un peu un groupe à deux vitesses : le noyau des Braqueuses olympiques, qui sont toujours dans l'euphorie et puis nous, les nouvelles, on arrive dans d'excellentes conditions, mais aussi avec de la pression.
n Comment définir ce groupe tricolore ? Et votre rôle à chacune, en son sein ? Anaël Lardy : notre socle naturel, c'est évidemment la défense. On a été éduquées comme ça ! En attaque, il y a tellement de talent et de diversité qu'on s'en sortira toujours dès l'instant où ça défend fort, et à fond. Quant à mon rôle je joue un et deux (meneuse et arrière NDLR) ou plutôt deux et un. Au sortir du banc, je dois être parée à des missions très brèves, mais où je dois mettre un maximum d'intensité. Le but est bien entendu de faire souffler les titulaires, Céline (Dumerc) et Edwige, nos leaders. Pour moi, c'est un privilège de partager le poste avec deux joueuses de leur dimension. J'apprends énormément, ainsi que venant de Pierre (Vincent) et du staff.
« Gérer au mieux les coups de moins bien »Edwige Lawson-Wade : on a un noyau costaud de sept-huit joueuses très expérimentées. On peut s'appuyer sur leur vécu à haut niveau. La prépa a été très sympa, on est sorties de la routine habituelle et l'ambiance entre nous est géniale ! Mon rôle ? Contribuer à la constance de notre basket. Réussir un tel tournoi passe, notamment, par bien gérer les moments de moins bien ; le grand défi sera là
n Vous allez le disputer en France, cet Euro. Avec tout ce que ça signifie d'attente de vos supporters, de pression Edwige Lawson-Wade : moi, je n'y vois que du positif ! On a achevé la préparation à Évry, tout près de Paris, il y avait ma mère, mon frère, mes amis, c'était super, ça n'arrive pas souvent ! On va jouer devant notre public, très nombreux durant toute la prépa, c'était noir de monde ! Alors j'en attends de grands moments, quelque chose d'inoubliable !
« La cause du sport féminin plus importante que notre résultat »Anaël Lardy : on aura la pression, bien sûr, encore que personnellement, la foule et l'enthousiasme ont plutôt tendance à me porter. En 2009, en préparation, on ramait pour remplir les salles, je me souviens. Là, c'était bondé partout. De mon point de vue, la cause du sport féminin, et pas seulement du basket, sera au moins aussi importante sur ce coup-là que notre futur résultat