Le combat du lieutenant Schydlowski n’est pas fini. Loin des terrains militaires, il attend depuis un an que le tribunal administratif d’Orléans juge son affaire.
Rappel. L’été dernier, les médias nationaux relataient l’histoire de cet élève des écoles militaires de Bourges. Exclu de Saint-Cyr, l’école des officiers de l’armée de terre, en juillet 2011, il considère que cette décision a été prise sur fond d’homophobie.
Médias. Un an après, il garde un souvenir mitigé de cette exposition publique de sa vie privée. « Après la parution des articles, il y a eu un climat intenable à la caserne. Le médecin m’a arrêté parce que je n’allais pas très bien et que ce n’était pas possible de continuer. Mais la médiatisation m’a permis de rencontrer des gens qui m’ont soutenu dans l’épreuve, notamment des militaires homosexuels qui comprenaient ma situation », raconte Pierre Schydlowski.
Défenseur des droits. Parallèlement à la procédure devant le tribunal administratif, le défenseur des droits a estimé de son côté qu’il n’existait pas de discrimination dans la décision de l’armée. Selon l’autorité administrative saisie par Pierre Schydlowski, dont nous avons pu lire la décision, les supérieurs du militaire se sont fondés sur des éléments objectifs pour l’exclure : des résultats insuffisants et des écarts de comportement – qui avaient donné lieu à deux sanctions disciplinaires.
Agressions. Pierre Schydlowski explique toujours ces absences par deux agressions qu’il a subies alors qu’il suivait un cursus franco-allemand à Munich.
La première est une altercation homophobe le 24 novembre 2010 à la sortie d’un bar, dont il se dit victime, mais pour laquelle il écope de vingt jours d’arrêt auprès de sa hiérarchie.
La seconde agression est un viol qu’il subit dans une discothèque de Munich dans la nuit du 2 au 3 juin 2011, alors qu’il est drogué à son insu.
Homophobie. Selon Pierre Schydlowski, sa hiérarchie n’avait jamais digéré la première agression, alors qu’elle le considérait comme un bon élève jusque-là. Il dénonce aussi l’homophobie ambiante dans la grande muette et les convocations intempestives et les railleries d’un capitaine allemand, qui lui demandait ainsi : « Vous avez baisé combien de mecs ce week-end ? »
Bourges. Après avoir passé un an éloigné de Bourges, il devrait réintégrer sa formation en maintenance à la fin du mois d’août, sauf si l’armée en décide autrement. « Dans l’année écoulée, j’ai suivi des cours de droit de la Sorbonne par correspondance pour avoir ma licence », dit-il.
Tête haute. Depuis un an, Pierre Schydlowski dit avoir pris du recul. Aller mieux. « Avant, je perdais mes moyens quand j’étais face à un supérieur », raconte-t-il. Mais il n’a pas perdu de vue son objectif : sortir la tête haute de l’armée.
Guillaume Bellavoine
(*) Notre édition du 12 juillet 2012.