Le mercure s’est affolé lundi : 35 degrés le jour, 19 la nuit dans le Cher. Un gros coup de chaud mais pas d’alerte canicule, celle-ci n’étant déclenchée localement qu’au bout de trois jours consécutifs avec ce niveau thermique. De quoi raviver, cependant, le souvenir encore prégnant de la quinzaine meurtrière d’août 2003. 2003-2013. Funeste anniversaire. Près de quinze mille morts en France. Dans le Cher, les personnes âgées ont payé un lourd tribut. 155 habitants de 85 ans et plus sont décédés des suites de ce tragique épisode météorologique entre le 4 et 18 août 2003. Soit une augmentation de 244 %. Une surmortalité évaluée à + 100 % en Région Centre.Les images des entreprises de pompes funèbres débordées, de services d’urgences médicales saturés hantent encore les esprits. Mais c’est surtout la réponse tardive et inadaptée au plus haut sommet de l’État, imposant aux acteurs sur le terrain d’improviser la riposte, qui a constitué pour l’opinion un choc. Dix ans plus tard, le séisme sanitaire n’a pas été effacé mais a contraint le pays et les collectivités à s’emparer d’une politique préventive nettement plus efficiente. Une décennie plus tard, une refonte du plan national canicule, élaboré dès 2004 et actualisé tous les ans, a été mise en œuvre cette année. Il s’agit, selon les termes du service interministériel de défense et de protection civiles, de « renforcer l’adéquation entre les niveaux de vigilance météorologiques et les niveaux du plan canicule dans une logique opérationnelle ».
Le plan canicule comprend désormais non plus trois mais quatre niveaux adaptés aux quatre couleurs de vigilance de la carte de Météo-France (*). Plus simple à interpréter pour le grand public. « Les conséquences de la canicule de 2003 ont été tirées depuis plusieurs années, juge Maëlle Dampfhoffer, ingénieur sanitaire à la délégation territoriale du Cher de l’Agence régionale de santé (ARS). En début d’été, nous avons des établissements sentinelles (maison de retraite, hôpitaux, soins infirmiers à domicile…) qui permettent d’obtenir des informations qualitatives afin de conseiller le préfet. »
[Vidéo] Les bons gestes à adopter en période de canicule :
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Depuis 2003, « il y a eu une réelle prise de conscience, partage Irène Félix, vice-présidente du conseil général, notamment chargée des personnes âgées. On a amélioré les conditions d’accueil en établissement d’hébergement des personnes âgées dépendantes (Ehpad). » Mais pour l’élue berruyère, « il faut continuer à travailler à l’amélioration thermique des Ehpad. Et insister sur le lien de proximité car aucun investissement ne remplacera le lien de voisinage. »
À Bourges, dès 2004, la mairie a créé un fichier canicule. Sur la base du volontariat, il permet de recenser les personnes âgées isolées. Mais seules « 285 personnes de 65 ans et plus y sont inscrites », calculent Anne Bigonneau, responsable du pôle seniors au centre communal d’action sociale et Maryline Patrigeon, coordinatrice du centre local d’information et de coordination (Clic), contre 700 en 2004. « L’effet 2003 s’est estompé », admettent-elles. En cas de plan canicule, « on appelle en priorité les gens les plus isolés. S’il n’y a pas de réponse, on peut envoyer les policiers municipaux. Le problème, ce sont les personnes qui n’ont pas de service à domicile, ceux-là nous inquiètent, ils ne sont recensés nulle part. »
Thomas Migault
(*) De la veille saisonnière (vert) à la mobilisation maximale (rouge) décrétée au niveau national, en passant par l’avertissement chaleur géré par l’ARS et l’alerte canicule déclenchée au niveau départemental par les préfets.
Pratique. Numéro vert : 0800.06.66.66.