Une soirée en hommage à Léo Ferré
«Les vingt ans, ce n'est pas plus important que les dix-huit ou les dix-neuf ans. Mais c'est symbolique. » Pour les vingt ans de la disparition de son ami Léo Ferré, Alain Meilland (*) partagera la scène de Chez Ber avec trois autres interprètes de l'auteur-compositeur, le temps d'une soirée hommage, samedi prochain.
« L'un des plus grands poètes du XX e siècle »Pour cette troisième édition de la Nuit Léo Ferré, le Crazy Cats Club marque l'événement. Il réunit en un spectacle toutes les facettes artistiques de celui qu'Alain Meilland considère comme « l'un des plus grands poètes du XX e siècle ».
S'enchaîneront au fil des heures des textes parlés ou chantés sur des airs de musique classique chers à l'artiste ou sur les mélodies de ses chansons les plus célèbres.
« On ne fait pas la poésie avec des tracts, écrit Léo Ferré en 1970 dans la revue la Rue. On la fait en ouvrant sa gueule. » En lisant ce texte en ouverture de l'événement, Alain Meilland donnera à ces quelques phases tout leur sens. Car pour les deux hommes, « la poésie n'existe que quand elle est parlée ».
Ce début de spectacle sera surtout un prétexte à la conversation. « Les gens regrettent souvent de ne pas pouvoir dialoguer, échanger. Ce texte a pour but d'amorcer la discussion. Sur l'écriture, mais pas seulement. »
Avec Michel Hermon, troisième artiste à monter sur scène, cet amour de la poésie sera à l'honneur. Mais cette fois-ci, en chantant Verlaine, Rimbaud et Baudelaire, dont Léo Ferré a mis les poèmes en musique, « qui ont une place extrêmement importante dans son 'uvre ».
Réorchestrer la musique « pour s'adapter au monde contemporain »Dans le même esprit, Christiane Courvoisier interprétera le texte de Léo Ferré Ludwig, sur une musique de Beethoven. « Il contient énormément de l'univers de Léo. De son enfance, de l'émergence de son côté artistique », confie la chanteuse.
Là encore, deux univers prisés par l'artiste se rejoignent : la poésie et la musique symphonique. « C'est un texte dit et articulé, qui est complètement imbriqué avec la partition. »
Christophe Brillaud, qui accompagnera au piano Christiane Courvoisier et Michel Hermon pendant la soirée, l'estime d'ailleurs comme « un des plus grands auteurs-compositeurs, qui dépasse le cadre de la chanson en rejoignant l'univers de la musique classique ».
Plus que de la chanson dans la musique et dans les textes. Philippe Guillard – qui va clore la soirée avec ses deux musiciens, Rudy Guillard à la guitare électrique et Christophe Barennes à l'accordéon et au piano – voit dans l''uvre de Léo Ferré « de la chanson de cabaret, du murmure, du cri, de la poésie mise en musique » ; et dans ses textes « une parole de marbre, éternelle ».
Car Léo Ferré perdure, vingt ans après son décès. Sur un montage de musiques, Alain Meilland lira, samedi soir, un texte écrit par Gabriel Barry, guitariste originaire de Bourges, « pour dire pourquoi on fait cet hommage, qu'il n'est pas mort en fait. Son 'uvre reste vivante et contemporaine. »
Même si, pour Philippe Guillard, pour que survive la musique de Léo Ferré, il faut toucher un nouveau public. « Ce ne sont pas les paroles qui ont vieilli, mais la musique doit être réorchestrée pour s'adapter au monde contemporain. » Une idée qui le pousse à revisiter à sa manière les chansons du maître pour « faire redécouvrir l''uvre telle qu'elle fut mais d'une façon nouvelle, comme c'est le cas au théâtre ou en musique classique ».
Toute une soirée donc pour se (re)plonger dans l'univers d'un grand artiste. Comme l'écrit Gabriel Barry, « une drôle de gueule et pas vraiment d'âge qui nous [disait] qu'avec le temps… »
(*) Cofondateur du Printemps de Bourges.