Sancerre, Aurillac. La plaine, la montagne. Le crottin de Chavignol, le salers. Jusqu'à ce week-end, tout semblait éloigner ces deux communes du Cher et du Cantal. C'était sans compter sur l'esprit d'aventure de Martin Morlet, parapentiste chevronné, qui les a reliées par la voie des airs, samedi.
Un vol de 277 kilomètresC'est pour faire écho à son tout premier vol de distance lors duquel il s'était posé à proximité du piton que cet habitant de Seine-et-Marne a choisi Sancerre pour relier un massif montagneux. « C'est quelque chose qui ne s'est jamais trop fait, c'est un vol plutôt original », relate le pilote.
Venu visiter le Sancerrois plusieurs fois, le parapentiste a été séduit par son potentiel également bien connu des clubs locaux tel que Plaine aile. « Le site des caves de la Mignonne semble béni par les dieux de la nature », confirme Xavier Bouquet, son président.
« Ses collines, son vignoble, ce village perché… La région est magnifique et présente un très fort potentiel pour les vols de distance, poursuit Martin Morlet. Potentiel qui n'avait pas encore été exploité. »
Le pilote n'avait plus qu'à attendre des conditions météorologiques favorables pour réaliser son nouveau défi. « Il faut qu'il fasse beau. L'idéal est d'avoir un ciel bleu parsemé de petits cumulus avec un vent du nord. C'est un vent frais qui, lorsqu'il balaye un sol chauffé par le soleil, crée une bonne amplitude thermique. » Autant de conditions qui étaient réunies samedi.
Ni une, ni deux. Le parapentiste, accompagné dans son périple par un second pilote, Denis Schouraqui, s'est emparé du site de la Mignonne. « Avant le vol, nous sommes restés 1 heure à 1 h 30 sur le site pour procéder à notre extraction. » Cette opération consiste à rester en l'air grâce au rendement dynamique et à chercher les masses d'air ascendantes afin d'enrouler les bulles d'air chaud pour monter au niveau des cumulus. « Nous sommes partis de Sancerre aux alentours de 12 h 30 et nous nous sommes posés à Aurillac vers 19 heures. » Un vol de 277 kilomètres durant lequel les deux hommes ont rempli leur objectif : ne jamais poser pied à terre. « L'idée est de chercher à rester en l'air perpétuellement et de se déplacer dans le lit du vent. À 12 h 30, nous étions à une altitude d'environ 900 mètres. Petit à petit, la hauteur du plafond maximal a atteint les 2.200 mètres au-dessus du Cantal. »
Si ce genre de vol demande une bonne condition physique, la capacité à rester concentré pendant plusieurs heures est primordiale. « Il faut rester à l'écoute des masses d'air et de l'élément pendant une très, très longue durée. Il faut être attentif à tout ce qui se passe et faire corps avec un élément invisible. Le seul danger, c'est de se poser. »
« Il faut réussir à faire corps avec l'élément »La Loire, les vignes, le massif du Sancy, le puy Mary… Si le parapentiste a été saisi par la beauté des paysages, il garde encore à l'esprit cette sensation de complémentarité avec l'élément. « Il faut faire jouer son instinct pour poursuivre le vol. On se retrouve avec les habitants du milieu, les oiseaux et on enroule les bulles d'air chaud avec des rapaces ou des martinets. » Martin se rappelle encore de la joie qu'il a eue de voler avec un milan à son arrivée au niveau du Sancy. « C'est le champion des planeurs. C'est magnifique de pouvoir voler en symbiose avec les oiseaux qui ne sont pas du tout effrayés. Ils profitent même du fait qu'on soit là pour nous rejoindre. »
« C'est magnifique de pouvoir voler en symbiose avec les oiseaux qui ne sont pas du tout effrayés. »