« Un énorme motif d'insatisfaction »
Drôle de saison que celle signée par le club du président Pierre Fosset. Après l'exercice 2012 - 2013 plombé par les blessures mais couronné d'un douzième titre national, tous les voyants étaient pourtant au vert, à l'automne dernier.
Dix joueuses pros, tous les postes de jeu doublés : la nouvelle troupe de Valérie Garnier s'inscrivait, sur le papier, comme une des meilleures de la belle histoire berruyère.
Des blessures qui posent questionIl y a eu les blessures, frappant Jo Leedham et Cathy Joens. « On a disputé cinquante-quatre matches officiels », décompte Valérie Garnier. « Jo en a fait vingt-sept et Cathy en a raté dix-huit. » Décidément, il y en a, des pépins physiques, au Tango Bourges. Il y a peut-être là des questions à se poser. Le cas Cathy Joens, joue, joue pas, va rejouer bientôt, pour finir opérée du genou, est de ce point de vue révélateur !
Heureusement encore que Stella Kaltsidou, en convalescence, traînait par là, pour s'avérer être le meilleur des jokers médicaux. « Avec elle, on a plutôt bien joué au basket. C'est quelqu'un qui peut créer pour elle et pour les autres », souligne la coache tango. « On a ensuite perdu un élément qui nous aurait fait du bien jusqu'à la fin de la saison. L'inconnue, c'est qu'on ne savait pas que Jo allait de nouveau se blesser et que Cathy reviendrait dans cet état. » CQFD.
L'ailière grecque ne fut pas pour rien dans la réussite de la phase régulière du championnat, terminée en pole position avec seulement deux défaites (dont une, anecdotique, à Basket Landes).
Ni dans la qualification pour un nouveau Final Eight, que Bourges acheva une fois encore dans le meilleur quatuor continental. « Un peu miraculeux ! » Sans Jo, de nouveau abonnée au banc ; sans Stella, dont le contrat n'avait pas été prolongé.
Erreur de casting ? « Les deux parties [ le président Fosset et la joueuse] ne se sont pas mises d'accord », se contente de déclarer Valérie Garnier.
« Stella nous apportait de la sérénité, ce grain de folie qui nous a manqué, ces opportunités que personne n'ose prendre. Tout ce qui fait son charisme, sur et en dehors du terrain. Elle rend les autres meilleures. »
Son départ, même s'il était programmé, a forcément pesé sur le groupe berruyer, dont l'internationale hellène était, en quelque sorte, l'un des points centraux. Bourges a tout de même réussi à conquérir, face à Villeneuve-d'Ascq, la Coupe de France, prenant du même coup son billet pour la prochaine Euroligue.
Les Tango s'ouvrirent, face au même adversaire, la porte d'une nouvelle finale de championnat. Pour un treizième titre qui aurait fait du club berruyer l'égal du légendaire Clermont Université Club ? Les rouages se grippèrent au plus mauvais moment.
Le grain de sable« J'ai encore du mal à regarder le troisième match de la finale », avoue la coache tango. Celui qui a vu, au Prado, le couronnement de Montpellier. « On a été à 32 % de réussite au tir, alors que toute la saison on a été bien, offensivement. On était à 72 points de moyenne tout en étant bien en défense. Et, sur toutes les phases finales, on ne dépasse pas les soixante points. »
Comment expliquer une telle baisse de régime, d'efficacité ? « On a manqué de rythme », estime Valérie Garnier. « Il nous a manqué les points sur jeu rapide. Au retour du Final Eight, on était dans ce schéma-là. Fatigue, non, lassitude peut-être. »
Ce fut frappant concernant les leaders : Céline Dumerc, et Endy Miyem, « qui passait des examens écrits pendant les finales. J'ai vu plusieurs joueuses après, il y a beaucoup de frustration, de désolation, après avoir fait cette saison pour finir comme çaæ Un énorme motif d'insatisfaction, un sentiment d'inachevé ».
Pour positiver, on se dit qu'il y aura, la saison prochaine, un fort désir de revanche, dans un groupe peu renouvelé. On pense à une Pao Salagnac, vue par sa coache comme « la joueuse la plus régulière de la saison, qui est toujours en train de travailler et qui donne tout avec ses armes ».
Il faudra comprendre, enfin, que la défense ne fait pas tout. Que s'épuiser à tenir est vain, si on ne score pas une fois la sphère récupérée. Ce sera avec une Jo Leedham remise en forme ; une Romane Bernies, une Diandra Tchatchouang, dont on oublie parfois le jeune âge et qui doivent encore prendre de l'expérience.
Avec aussi Marianna Tolo « qui progresse en dureté physique et défensive et que je pousse à shooter ». Et avec Héléna Ciak, championne de France, elle. « Elle a du potentiel, a envie d'apprendre. »
Manque, toujours, la dernière recrue, « un poste quatre qui peut bouger ». Et amener quelques pointsæ