À bout de fatigue hier à l'arrivée, Paul-Loup Chatin, du haut de ses 22 ans, résumait comme un chef la campagne mancelle de Signatech-Alpine. « On partait pour la gagne et, sur la course, on prouve qu'on en était capables, affirmait-il. Un porte moyeu qui casse, c'est vraiment la poisse, mais ici, c'est Le Mans. Au vu de tout ce que l'équipe a donné, le podium, on s'en contentera ! »
Paul-Loup Chatain a bien failli tout perdreTroisième en catégorie LMP2 et 7 e au scratch, le proto berruyer a longtemps tourné comme une horloge. La n° 36 a même navigué entre la première et la deuxième place du classement LMP2, à la faveur d'une nuit remarquablement gérée par le team du Parc Esprit. Jusqu'à la 19 e heure de course, hier matin.
Une stratégie à risquesPeu après 9 heures, Paul-Loup Chatin, qui rappelons-le découvrait Le Mans en course, devait regagner le box. Le train avant accusait à gauche « d'énormes vibrations ». « J'avais déjà dû surmonter le gros orage du début de course, racontait-il. J'étais parti en aquaplaning et j'avais récupéré l'auto je ne sais pas comment. »
Aucun risque à prendre, donc. Mais la réparation coûtait plus de 12 minutes à un instant crucial de cette drôle de course. C'était joué, adieu la victoire…
Repoussé à la 5 e place en LMP2, le proto berruyer repartait pour réussir une fin de course exemplaire aux mains de Nelson Panciatici. Visiblement très à son aise dans son rôle de chef de file, Nelson a parfaitement dirigé la man'uvre. Et ses deux coéquipiers, pour bizuts qu'ils aient été, se sont montrés capables de piloter à son niveau.
Deux débutants épatants !« Pas le moindre tête à queue, pas une sortie de piste de ces deux-là », soulignait un Philippe Sinault admiratif. La performance de la Signatech-Alpine, on l'aura compris, doit beaucoup à la cohésion et à la générosité dans l'effort de ce trio.
À force de travail et d'abnégation, l'écurie de Philippe Sinault sera parvenue, en l'espace d'un week-end dans la Sarthe, à surmonter une entame de saison très délicate. « C'est de loin notre course au Mans la plus éprouvante, assurait le boss. C'est pourquoi, avant même de parler performance, je suis heureux, très heureux d'avoir quelque chose de tangible, de concret à offrir à toute l'équipe. Un podium ici une année comme celle-là, ce n'est pas rien ! »
Alors c'est vrai, la Signatech-Nissan, si solide et si régulière toute la nuit durant, pouvait prétendre à la victoire. Mais hier, la déception n'était franchement pas de mise.
« On ne voulait pas rester spectateurs »« Mettez-vous à notre place, plaidait Philippe Sinault. Ce matin, à 9 heures pétantes, on faisait figure de futurs vainqueurs. Un quart d'heure plus loin, on n'avait soudain plus rien. C'était d'autant plus rageant qu'on avait fait la course parfaite, sans faute et à une cadence de dingues, en grignotant la moindre seconde dans le stand. Car on avait poussé les feux juste avant le départ. Si on se contente de rouler, avais-je expliqué aux pilotes, on restera spectateurs. Alors… à fond et jusqu'au bout ! »
Relativement inhabituelle chez les Berruyers, cette stratégie à risques, mais pleinement assumée a bien failli leur valoir le gros lot. Il s'en est fallu d'un p….. de porte moyeu. Mais c'est Le Mans.