Le Casa renonce à la gratuité totale
Au départ du Casa (*), il y a trois copines. Lise Vannier, professeure de maths ; Muriel Audebert, ingénieure ; Françoise Roux, professeure de biologie. On est fin 1997, elles sont à la retraite et désirent se rendre utiles. Elles créent une association saint-amandoise dédiée au soutien scolaire. Le succès est immédiat. Très vite, le Casa propose en plus des remises à niveau et le français langue étrangère (FLE). Rencontre avec sa présidente emblématique, Françoise Roux.
n Vous abandonnez la présidence du Casa ? Oui, je suis encore présidente de l'association jusqu'à la fin de l'année. Ensuite, nous passerons à une présidence collégiale.
n Pourquoi une telle décision ? Je suis présidente du Casa depuis sa création. J'ai été sa seule présidente. C'est en partie de ma faute. À chaque assemblée générale, on demandait s'il y avait des candidatures. Comme personne ne se présentait, je reprenais du service. Président, ce n'est pas un poste sur lequel on se précipite ! C'est beaucoup de responsabilités.
n Pourquoi opter pour une présidence collégiale ? Parce que cela fait moins peur aux gens.
n Qu'attendez-vous de ce changement ? Que cela rajeunisse les cadres. À mon âge, je n'ai plus toutes les idées et je n'ai pas forcement toute l'énergie pour entreprendre une modernisation nécessaire de l'association.
n Le Casa doit se moderniser ? Oui. On a besoin de nouveaux projets, de nouvelles idées. Notre principal souci, c'est l'argent. Nous avons trois salariés. Il faut les payer. Nous avons besoins de nouvelles sources de financement. Et nous devons nous professionnaliser.
« Nous avons besoins de nouvelles sources de financement. Et nous devons nous professionnaliser »n Quand s'est imposé ce constat ? Il se trouve que la Fédération des 'uvres laïques (Fol) propose des diagnostics à destination des associations. Une société est venue de Blois (Loir-et-Cher) et a passé plusieurs jours avec nous en 2012. On nous a observés et on a créé des groupes de réflexion. La conclusion ? Il faut se professionnaliser ! Jusqu'ici, on était arc-boutés sur la notion de bénévolat. Or, ce n'est plus possible aujourd'hui. Nous devons renoncer à la gratuité totale. Cela nous met financièrement en danger. Ce diagnostic nous a vraiment secoués.
n Vous êtes victime de votre succès C'est un peu ça. Quand le Casa a commencé, on était aidé par Emmaüs. On avait moins de charges. Nous recevions aussi moins de monde. Or, nous avons de plus en plus d'enfants pour le soutien scolaire. Tous les jours, Pôle emploi nous envoie des gens pour l'alphabétisation ou la lutte contre l'illettrisme Alors cette année, on a augmenté les cotisations et le montant du soutien scolaire. Mais aussi le prix des cours de FLE, l'alphabétisation et les cours de langues. Maintenant, on propose des devis pour la lutte contre l'illettrisme. Nous avons une trésorière qui est comptable de métier. Cela assure une stabilité. On a intégré les bénévoles aux groupes de réflexion. On a vraiment secoué le cocotier. Et il en est sorti plein d'idées.
Lutter contre l'illettrisme des jeunes à Lignières et Châteaumeillantn Par exemple ? Un groupe d'animation culturel est né. Leur première idée est d'organiser une conférence chaque dernier mardi du mois (lire ci-dessous), au lycée Jean-Moulin. C'est gratuit, mais il y aura une urne à la sortie. Chacun laissera ce qu'il veut. La première a lieu ce soir. Son sujet ? Les chemins de Compostelle. En juin, elle portera sur l'espéranto, la suivante sur les cisterciens Le groupe d'animation culturel planche aussi sur un concert au mois d'octobre. L'idée, c'est de diversifier nos propositions culturelles et ainsi nos sources de financement.
n Quels sont vos autres chantiers ? Nous aimerions intégrer le plan de formation de la Région. C'est notre objectif principal. Le Casa est à un moment charnière. Cette mutation, je ne peux pas la porter seule. Quand, lors des groupes de réflexion, j'ai vu toute cette énergie autour de moi, je me suis dit que c'était le bon moment pour laisser la place. Mon rêve, c'est de pérenniser l'association, que notre travail et notre utilité soient reconnus. On est assez unique dans le sud du département. Il n'y a pas d'autre structure qui fait du soutien scolaire à Saint-Amand. Pour le FLE, on a des élèves de Préveranges, Meaulnes, Le Châtelet, Saint-Saturnin Une majorité d'Européens, surtout des Néerlandais, mais aussi une Brésilienne.
n D'autres projets ? Nous avons pris contact avec Michèle Rivet, qui comme conseillère régionale, a mis en place ID en campagne. Un dispositif qui finance des projets en milieu rural à condition qu'ils prennent vie au sein de partenariats. Notre idée ? Travailler avec la Mission locale, à la lutte contre l'illettrisme des jeunes à Châteaumeillant et Lignières. On s'est en effet rendu compte que des jeunes français sont entrés dans l'illettrisme, faute de ne plus pratiquer l'écrit depuis longtemps. Or, l'illettrisme, ça bloque pour trouver du travail. On a compté une dizaine de jeunes dans ce cas à Lignières et autant à Châteaumeillant. On aimerait les regrouper là-bas, sur place. Le projet commencerait en septembre-octobre 2014. Nous sommes à la recherche de bénévoles sur place, pour mener le projet à bien.
(*) Collectif associatif de Saint-Amand.
è Pratique. Première rencontre du mardi du Casa, ce soir, à 20 h 30, salle Louis-Gallas du lycée Jean-Moulin à Saint-Amand. La conférence porte sur les routes de Saint-Jacques de Compostelle, par Bernard Catinaud. Entrée gratuite. Pour contacter le Casa : 02.48.96.50.07.