« Si mon enfant va à l’école dans tel canton, aura-t-il plus de chance de redoubler que dans un autre ? » C’est en substance la question qu’ont pu se poser de nombreux parents, au regard d’un document compliqué rendu public par le ministère de l’Éducation nationale au début du mois. La carte des « zones à risque d’échec scolaire » désigne sans ménagement les cantons où il est plus facile ou plus compliqué de réussir sa scolarité.
Consultez le document ici en intégralité (la carte se trouve page 106).
Pour ce faire, les chercheurs ont scruté les critères sociologiques qui passent pour favoriser l’échec scolaire. Et ils ont regardé, canton par canton, en quelle proportion ces critères sont présents. Il en résulte une typologie très fine des cantons, entre ceux où ces critères sont peu présents et qui sont relativement épargnés par le problème, et d’autres qui cumulent tous les critères et présentent ainsi un fort risque d’échec scolaire…
Selon cette lecture, le Cher est l’un des départements les moins homogènes, puisque ses cantons se retrouvent dans toutes les catégories. En cela, il est une parfaite illustration des nouvelles fractures scolaires qui traversent le pays. Estelle Lauverjat-Cretin du SnuiPP n’est pas surprise, même si elle se méfie de telles études : « Il y a plusieurs vécus dans un même département, et on ne peut pas nier que le milieu familial peut influencer la réussite d’un élève. Mais attention aux catégories à l’emporte-pièce. »
À l’emporte-pièce, le ministère préfère parler d’un tamis, qui affine les données d’une façon inédite. Ainsi le directeur académique des services de l’Éducation nationale (Dasen) du Cher constate : « Nous sommes très étonnés par la netteté avec laquelle les disparités apparaissent, commente Michel Moreau. Je suis surtout surpris par la différence entre le Cher et le reste de la Région, souligne-t-il. Au niveau académique, on parle souvent des ZEP d’Eure-et-Loir ou du vieillissement de l’Indre, or l’étude montre que l’on sous-estime les difficultés du Cher. » À l’avenir, le Dasen pourrait s’appuyer sur ces nouvelles données pour réclamer d’avantage de moyen, voire le développement de nouvelles formations.
Un argument pour les syndicats ?Quant à savoir si l’étude aurait pu modifier les choix pour la carte scolaire 2014-2015 : « Pas nécessairement. Car sur les disparités internes au département, cette carte ne fait que confirmer des choses que nous savions déjà. » Les mauvais classements de Bourges et Saint-Amand étonnent. Mais les difficultés socio-économiques à Sancoins et Vierzon, ou l’isolement à Vailly-sur-Sauldre, sont connus. Le Dasen l’affirme : la direction des services départementaux connaît assez le département pour trancher en connaissance de cause. Reste que l’étude n’a été dévoilée qu’une fois l’année terminée, qui plus est après les résultats d’examens.
Coïncidence ? Ou volonté du ministère de ne pas interférer dans les choix pour l’année prochaine ? Les syndicats sont en droit de se poser la question. Si ces données avaient été connues pendant la bataille de la carte scolaire, elles auraient pu servir d’argument : sept classes ont été supprimées dans des zones classées à très fort risque d’échec scolaire.
Floris Bressy
