Le chanoine Cothenet ouvre les bras sur le seuil de son église : « la nef voûtée n’a jamais été réalisée faute de moyens. À la place, nous n’avons qu’un plafond plat qui n’est pas très gracieux », soupire-t-il. Mais un sourire aimable balaye vite ces regrets : « il y a ici des vitraux et des peintures remarquables », lance-t-il en s’élançant vers le déambulatoire. Celui-ci est curieusement asymétrique – il tend à se rétrécir vers le cœur – et le transept est inexistant : des particularités qui s’expliquent par une histoire mouvementée. La construction de Saint-Bonnet est liée à la présence d’une abbaye bénédictine, Saint-Laurent, remontant au IXe siècle – ses anciens bâtiments sont toujours adossés à l’église.
Après la destruction de Saint-Bonnet dans le grand incendie de Bourges en 1487, c’est le fameux architecte Guillaume Pelvoysin qui se charge de la reconstruire. Et ce n’est qu’au XXe siècle qu’elle prend ses dimensions actuelles, avec l’ajout de deux travées supplémentaires qui allongent le cœur en direction de la place. « Il fallait pouvoir accueillir tout le monde : la paroisse était très peuplée, surtout par les maraîchers », explique Édouard Cothenet.
Un tableau de leur patron, saint Fiacre, figure d’ailleurs en bonne place dans l’une des chapelles. Il avoisine avec des œuvres de Jean Boucher (1575-1632) : une peinture sur bois intitulée L’éducation de la Vierge (1616) et le très expressif Les adieux de saint Pierre et saint Paul (1630). « C’est un vrai trésor que nous avons ici?! », s’enthousiasme le chanoine. Mais sa préférence va peut-être au vitrail de la Résurrection attribué à Jean Lecuyer. Il figure le Christ dans sa transfiguration, au-dessus d’un sépulcre vide, autour duquel se trouvent des soldats romains surpris de la scène qui se déroulent sous leurs yeux...
Floris Bressy
Passion. Il ne faut pas manquer le tympan du vitrail situé au fond à droite du cœur. Il figure avec précision l’ensemble des instruments de la Passion du Christ, idéal pour apprendre ce passage de la Bible aux plus jeune.