Mais la mort brutale de sa petite amie, Gladys, dix-neuf ans, le 16 novembre 2013, met fin aux rêves de Lilian. Ce jour-là, il conduisait sa Citröen Xsara, route de Dun. À la sortie de la rue des Sapins, à l’intersection avec la RD2076, à Bourges, Lilian ne voit pas la voiture qui arrive. Une 405 blanche, trois personnes à bord. À la barre, Lilian n’explique pas ce blanc. Grièvement blessée, sa passagère décède quelques jours plus tard.
Aux blessures involontaires s’ajoute l’homicide involontaire par conducteur de véhicule terrestre. La double peine, en quelque sorte. Car au chagrin d’avoir perdu Gladys s’ajoute le mécanisme pénal face auquel Lilian répond avec les souvenirs qu’il lui reste.
Pas d’alcool, pas de traces de stupéfiants, pas de vitesse excessive. Une chaussée mouillée peut-être, un carrefour dangereux, mal signalé, c’est à peu près tout ce qu’aperçoit la justice pour expliquer le drame.
Les deux amoureux s’étaient connus à l’école des beaux-arts de Bourges. Mais un défaut d’attention et de visibilité, peu importe la sémantique, a précipité plusieurs familles dans un abîme.
Sur le banc des parties civiles, seuls les passagers de la 405 blanche sont assis pour réclamer des dommages et intérêts, à la suite de quatre mois d’incapacité totale de travail (ITT) pour l’une et quelques jours pour les deux autres.
Le parquet comprend l’étendue du chagrin de Lilian et réclame « une peine symbolique pour éviter les comportements dangereux » : six mois de prison avec sursis et six mois de suspension du permis de conduire.
Le tribunal est plus sévère. Il condamne Lilian à dix mois de prison avec sursis, six mois de suspension et l’obligation d’indemniser les victimes.
R.B.