Pour un nouveau Saint-amandois, pas évident de trouver un médecin traitant. Question dentiste, mieux vaut ne pas avoir trop mal quand il s'agit de prendre un rendez-vous, l'attente se compte en semaines.
Les élus et les habitants mobilisés pour le maintien des urgences chirurgicales à Saint-Amand n'arrêtent pas de le dire : toucher à la permanence des soins nuirait gravement à un bassin de population dépassant largement les frontières saint-amandoises. Car au-delà de cette actualité d'envergure, la démographie médicale (répartition des médecins, généralistes et spécialistes, sur le territoire) du département, et notamment du sud, a de quoi inquiéter les élus.
Le Cher, 94 e sur 95…« Le Cher a une densité de 67,2 médecins généralistes pour 100.000 habitants, ce qui le place au 94 e rang sur 95 départements de métropole, avance le conseiller général Pascal Goudy, en charge d'une mission, pour le conseil général, sur la démographie médicale du Cher. Et l'autre aspect inquiétant concerne la pyramide des âges des médecins généralistes libéraux. » Il se base en effet sur une étude menée par la commission paritaire locale des médecins pour la CPAM du Cher, avec des chiffres de 2012.
Celle-ci propose notamment une projection vers 2017 sur le nombre de généralistes en postes dans les différents cantons du département. Et dans l'hypothèse d'une fin d'activité à soixante-cinq ans sans remplacement, il n'y a pas de quoi rêver en zone rurale. Un canton comme Nérondes perdrait son seul généraliste en poste ; Châteauneuf passerait de quatre à deux ; Sancoins de trois à un seul… Des données encore plus inquiétantes sachant que la moitié des praticiens du Cher ont plus de cinquante-cinq ans.
Et la théorie du non-remplacement, alarmiste à première vue, n'est pas prise à la légère par les élus. Le conseil général a ainsi décidé de travailler à la mise en place d'une dynamique pour attirer les jeunes praticiens sur le Cher, et hors des grandes villes.
« Cela reste une profession libérale, les jeunes médecins sont libres de s'installer où ils veulent. Et ils ont des exigences pour exercer leur métier. La médecine a évolué. C'est fini le cabinet à papa avec un fauteuil en cuir, un France dimanche et un stéthoscope. Les jeunes médecins veulent des plateaux techniques de qualité et des avis contradictoires à proximité, d'où la nécessité du maintien des urgences de Saint-Amand, reprend Pascal Goudy. Il existe un potentiel, il faut leur donner les moyens de s'installer, leur permettre d'avoir une assistance technique à proximité. »
Et la perspective de s'établir seul n'est pas non plus avancée comme un rêve de généraliste. « Il faudra aussi se poser la question de l'emploi du conjoint. Les jeunes généralistes ne veulent pas passer leur vie seul dans leur cabinet. La solitude pèse aussi sur leur moral. On ne fait pas plus de dix ans d'études pour vivre une vie de merde. »
Des projets de maisons de santé pluridisciplinairesDes raisons qui font avancer Pascal Goudy vers certains projets de maisons de santé pluridisciplinaires (MSP), comme celle qui se dessine à Levet, sur son canton, et qu'il souhaite tournée vers Dun et Châteauneuf. « On peut imaginer d'organiser une permanence des soins avec ces deux communes qui auront peut-être moins de praticiens à l'avenir. Il faut être inventif sur les territoires. La MSP peut être une solution, mais ce n'est pas une solution systématique. Il peut s'agir de cabinets secondaires aussi. »
Et cette réflexion, selon lui, ne peut se faire qu'avec les professionnels. « Il faut un dialogue entre CPAM, mutuelles, généralistes, spécialistes… Travailler ensemble sur la médecine du territoire. » Le tout afin d'insuffler une dynamique permettant d'attirer de jeunes médecins.
« Il faut qu'ils s'installent dans des conditions idéales d'exercice. Et il ne s'agit pas de conditions financières. Car dans ces zones, s'installer devient vite rentable. Non, il s'agit de donner des services, une sécurité et une capacité de diagnostic. Et éviter l'exercice solitaire. »