Le centre bourg de leur petite commune de trois cents habitants a été squatté fort pacifiquement par une dizaine d'artistes invités par la Bacchanale. L'association organise en effet sa troisième biennale d'arts contemporains associant artistes reconnus et jeunes artisans en devenir.
Les 'uvres réalisées se sont installées de manière indélébile sur la commune pour deux mois, l'exposition à ciel ouvert étant en effet installée jusqu'au 29 août. Les habitants se sont récemment retrouvés aux côtés des artistes et d'élus pour l'inauguration officielle (voir par ailleurs).
Des réalisations sur le thème des jeux de mainsDans le cadre de cette biennale, les artistes se sont approprié le c'ur du village pour poser, accrocher ou suspendre leurs réalisations sur le thème des jeux de mains. Abou Sidibé, venu du Burkina Faso, sensibilisé par le manque d'eau au Sahel, a travaillé sur cette thématique, ainsi que sur les objets rendus indispensables par la société de consommation et qui auraient une conscience selon la théorie animiste.
Bernard Thimonier, sur un tronc de sycomore, et Julien de Vial, au métal, se sont associés pour à peine caresser la matière avec l'outil. Sculpté dans le tympan du portail de l'église, saint Pierre, qui effectue un geste de bénédiction avec six doigts à la main droite, a dû être éberlué de voir Jean-Philippe Beux exposer ses photographies de mains d'artisans, d'agriculteurs ou de potiers déformées par l'ouvrage.
Et tandis que Sara Grosset s'efforçait, par l'affiche, de rendre visible la double fonction de la bouche avec ses mangeurs-crieurs, Élodie Escarmelle dansait, mettant en parallèle le travail de danseur et celui d'artisan.
Installé place du Hangar, Bernard Pras s'inspirait du phénomène d'anamorphose, observant des souches à travers un dispositif optique, alors qu'Éric Liot et Fred Bardon accrochaient une sphère-planète dans un tilleul. Près de la fosse, James Boucquard avait posé deux mètres cubes de blocs de terre végétale issus d'un coffrage pour démontrer l'effet de la dégradation par l'érosion.
La présidente de l'association, Delphine Repicand, avait suspendu une armature légère de bambous entre deux tilleuls, tandis que Christian Gauche, potier local, proposait un automate sonore recouvert de graphisme et que Delphine Nivot taguait de lutins le mobilier urbain.