«Lors du passage du Tour de France à Bruère, j'étais un peu agacé. Car le centre de la France, ce n'est pas Bruère. C'est Vesdun depuis les calculs de 1984. Ça a toujours été Vesdun. »
Si le maire Gilles Pointereau est sûr de lui, c'est qu'il s'appuie sur les calculs de l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN) qui désigne la bourgade à la lisière de l'Allier comme étant le centre de la France ( lire ci-dessous). Pourtant, à Vesdun, pas de projet lié au centre, juste un gîte de grande capacité baptisé opportunément Gîte du centre de la France.
Une dénomination qui attire : « Les familles éparpillées se retrouvent dans le gîte qui peut accueillir cinquante personnes », indique le maire qui vit sa position d'élu le plus au centre de la France comme « une fierté que Vesdun soit reconnu comme étant le point central par des calculs scientifiques. »
Le Tour de France du centenaire à BruèreMais Vesdun doit vivre à l'ombre de Bruère-Allichamps considérée officiellement comme le centre, alors que son maire Didier Vandeporta reconnaît que « Bruère est le premier centre répertorié mais plus forcément le centre actuel. » Les calculs désignant Bruère datent de 1860. Depuis, les contours de la France ont évolué. Mais l'idée première est restée et Bruère a su la médiatiser et la faire fructifier.
La commune en tire, sans conteste, le plus de retombées. « Le Tour de France est passé le 12 juillet, les radios et la télé ont parlé de la commune. Beaucoup de gens viennent se prendre en photos devant le monument. On a même un cycliste qui a créé des circuits à partir de la colonne », estime le maire qui a demandé, en 2010, au boulanger local de créer les sablés du centre de la France. Dernier projet : créer une scénographie lumineuse à travers la commune. Le premier point éclairé sera… la colonne centrale.
Mais tous les centres n'ont pas le même retentissement. À Saulzais-le-Potier, la stèle du centre de la France, érigée en 1968, n'a guère de visiteurs. « Le centre ne nous rapporte rien. C'est tombé dans l'oubli », résume le premier adjoint Georges Bonheur.
« On ne se bat pas avec les autres maires »Idem dans l'Allier, à Nassigny d'abord, le dernier centre de la France reconnu par l'IGN en 1993. « Ça ne nous apporte pas vraiment de retombées, constate le maire, Gérard Ciofolo. Des rendez-vous cyclotouristes des centres de la France sont passés par là. Mais cela n'a pas d'impact direct sur la vie locale. »
Pas plus que dans le village voisin, Chazemais, reconnu en 1966 : « On ne se bat pas avec les autres maires, indique le premier magistrat, Michel Tabutin. L'intérêt c'est de faire partie d'une curiosité. Il y a toujours des personnes qui viennent voir le centre de la France et les centres de la France. Les visiteurs adorent se faire prendre en photo devant le petit monument que nous avons installé ».
Cela n'empêche toutefois pas chacun de défendre sa paroisse et surtout d'avoir un avis sur la question : « Le plus faux des centres de la France, c'est Bruère. C'est le plus connu mais le plus faux mathématiquement. Il s'agit du croisement de voies romaines », conclut Gérard Ciofolo. Preuve que le débat, même amical, n'est toujours pas clos.