Le toit pourrait leur tomber sur la tête
Ils vivent dans l'angoisse que le toit de leur maison leur tombe sur la tête. « Ça craque tout le temps ! On n'ose plus recevoir nos enfants, nos amis, à la maison, de peur que ça finisse par s'effondrer »
Le désarroi est palpable chez huit propriétaires du quartier des Crêles. Après avoir constaté d'importants problèmes de toitures et afin de faire valoir leurs droits, ils ont créé l'association des propriétaires sinistrés des Crêles de Vierzon (APSCV), soutenue par l'association Force ouvrière des consommateurs (Afoc 1).
Une expertise judiciaire lancée en septembreLe quartier compte soixante-quinze maisons, construites entre 1982 et 1985. En 2012, un couple avait déjà alerté l'Afoc sur des problèmes de toitures. « Nous avons été stupéfaits de l'ampleur de dégâts » confie Josiane Grynia, vice-présidente de l'association de consommateurs. « C'étaient des personnes assez âgées qui n'ont pas voulu lancer des procédures et ont fait rapidement réparer leur toit par un charpentier compétent. »
Ce premier contact a tout de même permis à l'Afoc de lancer une alerte sur le quartier. « On a invité les propriétaires à faire vérifier leur toiture. Et beaucoup nous ont, en effet, contactés. » Un collectif se monte en décembre 2012 et l'association est créée le 15 mars 2013. Elle est présidée par Didier Philippon, assisté de Bernard Mardon (vice-président) et Joël Foucher (trésorier).
Aujourd'hui, les expertises des charpentes ont été effectuées, faisant état de malfaçons, de pièces trop petites ou pas en nombre suffisant. Trois devis d'intervention ont été demandés à trois charpentiers. Et l'association s'est adjoint les services d'un avocat à Bourges. Après l'audience publique du 4 juillet, les conclusions du tribunal, rendues le 18 juillet, invitent à lancer, dès septembre une expertise judiciaire.
« On compte dans le quartier cinq ou six types de maisons différentes qui ont pour point commun des carences de fournitures constitutives de la charpente et le promoteur la Société Berry Centre Prestations ( ²) », raconte Bernard Mardon. « Des désordres s'installent dans le temps, ils ne peuvent s'améliorer et sont accentués par les aléas climatiques et le vieillissement inéluctable des matériaux. On craint le moindre coup de vent ! D'autant que ça joue sur tout le bâti »
« On arrive à la retraite, on a payé notre maison, ce n'est pas pour se lancer dans des travaux ! », lance Joël Foucher. Le bien, désormais déprécié et dangereux, pose également la question de la succession, de la vente. Et chamboule les vies professionnelles des assistantes maternelles qui peuvent perdre leur agrément dans le cas d'une mise en péril. « On veut bien que ce soit notre avant-dernière demeure, mais pas la dernière », sourit, malgré tout, Bernard Mardon.
Du côté de l'Afoc, on interroge : « Les travaux ont bien été validés, non ? Qui est responsable ? »
L'association a rencontré, hier matin, Franck Michoux, adjoint au maire, délégué à l'aménagement urbain et au logement. « Il a bien pris conscience du problème », assurent Bernard Mardon et Josiane Grynia. La mairie n'intervient pas dans des affaires privées. « On interviendrait seulement s'il y avait un arrêté de mise en péril à prendre », précise l'élu.
( 1) Afoc, place Julien-Rousseau, 02.48.71.46.54. Président : Didier Thomas ; vice-présidente, Josiane Grynia. Depuis 1993, l'association a traité environ quatre-vingts dossiers de constructions.
( ²) La société s'appelle aujourd'hui Aiguillon construction et est basée à Rennes (Ille-et-Vilaine).
è Pratique. L'Afoc et l'APSCV tiendront ensemble un stand lors du forum des associations des 21 et 22 septembre.