Bourges habitat est en sursis
«Le maire de Bourges nous a annoncé la mort de Bourges habitat dans un délai de trente mois ! » Frédéric Decoin, délégué CGT à Bourges habitat, rapporte les propos du maire sans manifester d'étonnement. Car l'ensemble des salariés savait bien que quelque chose se tramait dans les couloirs de la mairie au regard de la situation financière compliquée à la fois de Bourges habitat et du privé Jacques C'ur habitat.
TransfertsFrédéric Decoin salue même la méthode employée par Pascal Blanc qui a réuni, en fin de semaine dernière, les organisations syndicales et les salariés de Bourges habitat pour leur exposer sa vision de l'avenir de la structure. « Du temps de Serge Lepeltier, on savait pertinemment qu'un rapprochement entre les deux organismes était d'actualité, mais il n'a jamais daigné nous en parler. »
Bien entendu, si la forme semble plaire, le fond reste plus inquiétant. « Le maire nous a dit qu'il comptait céder le patrimoine de Bourges habitat à Jacques C'ur habitat à la fin 2016, se souvient Frédéric Decoin. Et nos inquiétudes portent sur le sort réservé aux fonctionnaires de Bourges habitat ».
Ils sont actuellement soixante-cinq à travailler chez le bailleur social et le statut privé de Jacques-C'ur habitat ne leur permet pas de passer de l'un à l'autre simplement. « Le maire a annoncé qu'il comptait sur le départ à la retraite de la moitié des salariés et nous a promis de tout faire pour reclasser ceux qui restent vers d'autres collectivités. Une promesse hasardeuse quand on connaît l'état de ces collectivités ! »
Pascal Blanc ne dit pas autre chose quand il insiste sur « la nécessité de rapprocher les deux bailleurs si l'on veut continuer à proposer un service de qualité aux locataires ».
Continuité du servicePas question pour autant pour le maire d'organiser « la mort » de Bourges habitat, juste assurer « une transition permettant la continuité du service ». Il compte donc, notamment, proposer aux fonctionnaires volontaires d'abandonner leur statut pour rejoindre Jacques C'ur habitat. Le tout dans un esprit de « concertation et de dialogue permanent avec le personnel ».
« Impossible, surtout quand on connaît l'attitude de l'actuel directeur de Jacques-C'ur habitat, Jean-Marc Pierret, qui est contre les fonctionnaires et qui a un management pour le moins contestable », répond Frédéric Decoin.
Cette attitude, encore une fois, n'est pas contestée par le maire. « Le directeur est sous le contrôle de la mairie et je vais le voir tous les mois pour faire le point avec lui sur un management que je souhaite plus humain car il est pour moi inadmissible et intolérable que l'on puisse traiter son personnel à la serpe ! »
Dans cette attente, la CGT réfléchit à des actions afin de réussir à sortir la tête haute de ce rapprochement « nécessaire ». Avec cette préoccupation de l'emploi, bien entendu, mais aussi de préserver un outil de logement au service de ceux qui en ont le plus besoin.
« La dette de Bourges habitat est actuellement de 100 millions d'euros avec une garantie portée par la ville de Bourges, souligne encore Frédéric Decoin. Nous souhaitons donc trouver des solutions pérennes pour éviter de voir la ville supporter la dette de Bourges habitat. »