Ceux qui veulent redessiner la carte de France vont découvrir cette nouvelle règle de géométrie : les droites de l’incompréhension et du mécontentement se croisent au centre de l’hexagone… Les habitants de l’actuelle Région Centre sont en effet parmi les plus hostiles au projet de redécoupage initialement proposé par François Hollande le mois dernier. C’est même l’un des principaux enseignements du sondage LH2 pour la presse régionale dont voici les grands traits.
Incompréhension. Avec à peine 30 % d’opinion positives vis-à-vis de la réforme territoriale, le Centre est dans le trio de tête des régions les plus critiques, derrière le Poitou-Charentes (25 %) et la Picardie (28 %). L’assemblée départementale du Cher reflète bien cette opinion. Les conseillers généraux ont adopté, lundi à l’unanimité, la motion qui rejette la réforme territoriale jugée « contraire à l’intérêt des citoyens ».
Les citoyens eux, contestent le principe même d’une réforme : dans le Centre on est particulièrement méfiant puisque seulement 39 % de la population l’estiment nécessaire (contre 51 % des Français). En outre, quels que soient les critères retenus, les habitants du Centre se montrent systématiquement plus sceptiques que dans le reste du pays à propos des bénéfices attendus de la réforme. Par exemple : si 37 % des Français espèrent qu’elle apportera des améliorations en terme de transports régionaux, ils ne sont que 21 % dans le Centre à le penser.
Mécontentement. En fait, le projet se heurte aussi à l’attachement – plutôt inattendu – des « Centrais » pour leur région telle qu’elle existe. Avec 67 % d’opinion favorable, les habitants du Centre sont certes un peu moins attachés à leur région que la moyenne nationale (73 %) mais ils sont plus solidaires entre eux.
Ainsi, 60 % se disent attachés aux autres départements de la région et 72 % s’opposent carrément à son démembrement. Quant au nom de « Centre », si souvent décrié pour être peu évocateur, 63 % des habitants souhaitent le conserver.
Rejet. Autant dire que les Centrais ne se reconnaissent pas dans la super-région qui serait née de sa fusion avec le Poitou-Charentes, et a fortiori le Limousin. En considérant les habitants de ces trois régions en même temps, 70 % d’entre eux rejetaient le projet.
Bien que catégoriques, avec 63 % d’opposants, les habitants du Centre étaient tout de même moins virulents que leurs voisins picto-charentais opposés à… 84 %. Avant la dernière modification en date intervenue cette semaine, les Limousins n’étaient « que » 57 % à rejeter l’hypothèse. Paradoxe : eux qui étaient les moins critiques à l’idée d’un grand Centre sont aussi les premiers à l’avoir abandonnée.
Floris Bressy
(*) Le sondage porte sur un échantillon de 5.505 Français, dont 201 habitants du Centre. Il a été réalisé à la fin du mois de juin, sur l’hypothèse initiale d’une fusion Centre-Poitou-Charentes-Limousin, avant que cette dernière région ne se tourne vers l’Aquitaine.