Quelles sont vos premières impressions de campagne ?
Je m’attendais à ce qu’il y ait beaucoup de retentissements. Nous sommes désormais lancés en tout cas ! Nous allons inaugurer notre quartier général et présenter l’équipe, une très belle équipe, dans la semaine qui vient.
Et votre programme, on peut l’espérer pour quand ?
Il faut prendre le temps de consulter, d’écouter les Parisiennes et les Parisiens, de rassembler des experts. J’ai formulé ma vision pour Paris. Les propositions précises qui en découlent arriveront au début de l’année prochaine.
Sur les travaux, il s’agit surtout de mieux les planifier. Une fois de plus, nous observons les faiblesses de la gouvernance pratiquée par l’équipe municipale actuelle : beaucoup d’improvisations, une difficulté à réunir tous les acteurs concernés ensemble et à anticiper les choses. Suspendre tous les travaux dans Paris n’aurait aucun sens
C’est une bonne idée, comme le propose Benjamin Griveaux, de suspendre les travaux à Paris ?
Sur les travaux, il s’agit surtout de mieux les planifier. Une fois de plus, nous observons les faiblesses de la gouvernance pratiquée par l’équipe municipale actuelle : beaucoup d’improvisations, une difficulté à réunir tous les acteurs concernés ensemble et à anticiper les choses. Suspendre tous les travaux dans Paris n’aurait aucun sens.
Vous voulez devenir le « premier maire écolo de Paris ». Mais tout le monde se dit écolo en ce moment… Comment espérez-vous vous départager ?
Il y a là un grand enjeu de confiance. Je suis pour une écologie positive, servie par les sciences, les faits, l’efficacité et la technologie. Mon rapport sur l’intelligence artificielle contient un volet écologique. J’ai côtoyé Al Gore dans des colloques sur le développement durable.
J’ai créé avec Matthieu Orphelin, qui m’accompagne aujourd’hui, un collectif de députés sensibles à la question écologique à l’Assemblée nationale. Sur ces sujets, nous devons avoir une approche qui dépasse les clivages politiques. C’est chez moi une conviction profonde.
J’ai retrouvé récemment une lettre écrite à mes grands-parents voilà 25 ans, alors que j’étais en crise existentielle, où je leur fais part de mon désir de laisser tomber les maths pour faire un stage en écologie. Mes profs de l’ENS m’ont rattrapé par le col !
« C’est une grande force d’avoir eu une vie avant la politique. Cela ouvre des horizons, des portes ». Photo AFP Vous envisagez des stratégies d’alliance ?
Sur tous les grands sujets municipaux, il nous faudra rassembler largement. Pour construire ce rassemblement, je rencontre des figures politiques, je prends le temps de connaître, de regarder les points de convergence et de divergence.
Vous savez, je ne suis ni un politicien, ni un homme d’appareil. Il nous faut construire une vision commune, faire travailler ensemble des gens très différents pour résoudre des problèmes complexes, c’est ce que j’ai fait toute ma vie.
Comment expliquez-vous la clémence de votre parti et d’Emmanuel Macron à votre égard dans cette aventure solo ?
Ce n’est pas vraiment mon sujet. De nombreux militants LRem me soutiennent, mais aussi de très nombreuses personnes qui ont d’autres sensibilités.
1977. Un Corrézien, comme vous, se lance en solo dans la bataille de Paris. Jacques Chirac restera 18 ans à l’Hôtel-de-Ville. Puis on connaît la suite… Ça vous inspire ?
Bien sûr, j’ai songé à lui. De Jacques Chirac, je retiens l’énergie inépuisable, son célèbre contact empathique, sa proximité. Quand je me lance sur le terrain, en moi je me dis « Allez, on y va en mode Chirac ! ».
Jacques Chirac en 2007 au Salon de l'Agriculture de Paris. Photo AFP Ce n’est pas naturel ?
Si, je suis un empathique. Plus jeune, cela se traduisait par la timidité, puis, devenu étudiant, je suis passé à une extrême sociabilité. Je recherche les rapports humains. Mes déplacements sur le terrain me donnent de l’énergie !
On vous a vu danser le jerk même.
Oui, c’était au bal public organisé par la mairie du 14e arrondissement, un samedi soir après la fête des associations. Certains se sont un petit peu moqués de moi mais au fond, quoi de plus naturel que de danser ?
Vous avez soutenu Anne Hidalgo en 2014. C’est un avantage pour la contrer aujourd’hui ?
Ce qui m’intéresse, ce sont les Parisiennes et les Parisiens et ce que nous pouvons construire ensemble. Et pas comment attaquer mes adversaires.
On vous sent porté, mais par quoi ?
Par le désir de mettre mon savoir-faire au service d’un projet de transformation de la société, dans l’intérêt des personnes. Par l’amour de cette ville extraordinaire qui, par son bouillonnement intellectuel, culturel…, a fait de moi un scientifique de renommée.
J’aimerais apporter la paix, la sérénité, l’énergie, apaiser les relations entre les citoyens et les politiques et entre les politiques. Je souhaite aussi poursuivre ce que je faisais en tant que scientifique en vulgarisant : rapprocher les experts des citoyens. Il faut œuvrer pour les grandes transitions que doit opérer notre société.
Je garde le souvenir de cette magnifique Foire du livre de Brive. En 2013, j’y ai passé 7 heures à signer, à tel point que j’avais mal aux doigts le soir. Mais toutes ces vies qui arrivent et qui repartent, c’est tellement magique
Un mot sur Brive-la-Gaillarde où vous êtes né ?
J’y suis retourné à deux ou trois reprises pour revoir la maison de mon enfance et le grand ami de mon défunt père, qui était libraire. Je garde le souvenir de cette magnifique Foire du livre. En 2013, j’y ai passé 7 heures à signer, à tel point que j’avais mal aux doigts le soir.
Mais toutes ces vies qui arrivent et qui repartent, c’est tellement magique. Un moment, une dame est arrivée. Elle avait été mon institutrice 35 ans auparavant et avait gardé l’un de mes dessins, de l’époque où je regardais Goldorak. Un dessin plein d’énergie, exubérant, avec des lettres en capitale. C’est une grande chaleur que m’a offerte ma ville natale.
Propos recueillis par Florence Chédotal